Rodin en série : un marchand relaxé

Gary Snell, marchand américain de 66 ans installé en Vénétie où il a produit des centaines de copies de sculptures d’Auguste Rodin, a été relaxé de l’accusation de contrefaçon par le tribunal correctionnel de Paris. Celui-ci a en effet déclaré jeudi la juridiction française incompétente pour juger d’une fabrication et d’une diffusion réalisées à l’étranger. Mais il propose aussi une jurisprudence qui révolutionnerait la conception juridique du bronze. Les faits ne sont pas fondamentalement contestés. Ce marchand a acheté une soixantaine de moulages en plâtre de sculptures de Rodin, provenant notamment de la fonderie Rudier, pour en tirer des bronzes. Il a cependant refusé d’y inscrire la mention «reproduction», obligatoire en France. Dénonçant une «trahison de la pensée de l’artiste», le parquet avait requis une condamnation, forte d’une expertise judiciaire trouvant les reproductions grossières et même inventées. Irrité des failles d’une instruction qui a traîné treize ans, le tribunal a donné entièrement raison au défenseur, Me Christian Beer. Les juges vont cependant beaucoup plus loin en contestant la notion même d’original en bronze, qu’ils estiment dans les faits «purement fictive» : «En réalité, ne peuvent être considérées comme originales que les sculptures éditées à partir d’un plâtre original, dont l’exécution a été réalisée par l’artiste lui-même ou sous sa responsabilité et dans le cadre d’un tirage limité.» Pratiquement aucun bronze de Rodin ne serait plus original. Le musée Rodin, à la source de l’enquête, n’a pas encore décidé s’il ferait appel.

Retrouvez cet article sur Liberation.fr

Présumé artiste, quand les censeurs grimpent aux rideaux
Decouflé cherche la clé de «Contact»
Chiffre
En bref
La phrase