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Robert Mugabe a 24 heures pour quitter la présidence du Zimbabwe

Une manifestation anti-Mugabe à Harare. Robert Mugabe a été démis dimanche de ses fonctions de président du parti au pouvoir au Zimbabwe et s'est vu donner 24 heures pour renoncer à la présidence du pays ou devoir faire face à une action en destitution. /Photo prise le 18 novembre 2017/REUTERS/Philimon Bulawayo

par MacDonald Dzirutwe et Joe Brock

HARARE (Reuters) - Robert Mugabe a été démis dimanche de ses fonctions de président du parti au pouvoir au Zimbabwe et s'est vu donner 24 heures pour renoncer à la présidence du pays ou devoir faire face à une action en destitution.

Cet ultimatum lancé par le parti au pouvoir, la Zanu-PF, est considéré comme une tentative de donner une fin sans heurts à un règne de 37 années après l'intervention de l'armée qui a écarté le vieux chef d'Etat de 93 ans dans la nuit de mardi à mercredi.

Mugabe, seul dirigeant qu'ait connu le Zimbabwe depuis son indépendance du Royaume-Uni en 1980, d'abord comme Premier ministre puis comme président, a été remplacé par Emmerson Mnangagwa. Cet ancien responsable de la sécurité publique surnommé "Le Crocodile", avait été limogé de la vice-présidence de la République le 6 novembre par Robert Mugabe.

C'est cette destitution qui a entraîné l'intervention de l'armée dans la nuit de mardi à mercredi.

Cette annonce a été accueillie par des vivats des 200 délégués de la Zanu-PF entassés au siège du parti à Harare, la capitale, pour une réunion extraordinaire de son comité central. Cette scène de liesse aurait été inimaginable il y a encore une semaine.

Robert Mugabe a jusqu'à lundi midi (10h00 GMT) pour démissionner, faute de quoi une procédure de destitution sera enclenchée, a annoncé Patrick Chinamasa, dirigeant de la Zanu-PF et ministre de la Cyber-sécurité, lors d'une conférence de presse.

Le chef de l'Etat a rencontré une nouvelle fois les chefs de l'armée, dimanche, indique le journal The Herald. Les négociations visent à l'inciter à quitter le pouvoir de lui-même.

Dans des photos diffusées sur son site internet, on voit Robert Mugabe vêtu d'un complet noir et portant la cravate, debout derrière un bureau en bois à la présidence. Il serre la main à toute une procession de généraux et au chef de la police.

"NÉGOCIER UNE SORTIE HONORABLE"

L'épouse de Robert Mugabe, Grace, qui est âgée de 52 ans, et qui nourrissait l'ambition de lui succéder, a également été exclue du parti dimanche, en même temps que trois ministres du gouvernement qui formaient la colonne vertébrale de son courant politique, le "G40" (Génération 40), au sein de la Zanu-PF.

S'exprimant avant la réunion du parti, Chris Mutsvangwa, le chef de file des anciens combattants de la guerre de libération, qui a joué un rôle clé dans l'éviction du chef de l'Etat, a déclaré que le temps était compté pour Mugabe et qu'il ferait bien de quitter le pays tant qu'il le pouvait encore.

"Il essaie de négocier une sortie honorable", a déclaré Chris Mutsvangwa qui a menacé de lancer la foule sur Mugabe s'il refusait de partir.

"Nous ramènerons la foule et elle fera ce qu'elle a à faire", a déclaré Chris Mutsvangwa à la presse.

Quelques instants après le vote de destitution de Mugabe de la présidence de la Zanu-PF, des applaudissements ont retenti dans le hall des délégués.

"Le président est parti. Longue vie au nouveau président", a déclaré Chris Mutsvangwa.

Emmerson Mnangagwa devrait diriger un gouvernement d'unité nationale intérimaire dont la première tâche sera de stabiliser une économie en chute libre et de rétablir le contact avec le monde extérieur.

La Communauté de développement d'Afrique australe (CDAA) discutera de la crise politique au Zimbabwe mardi lors d'un sommet qui se tiendra à Luanda, la capitale angolaise, a annoncé dimanche l'Afrique du Sud.

La CDAA, qui compte 15 membres dont le Zimbabwe, est une organisation qui vise à promouvoir le développement économique du sud de l'Afrique.

Samedi, des centaines de milliers de personnes ont envahi les rues de la capitale, chantant, dansant, serrant les militaires dans leurs bras dans une atmosphère de liesse à la perspective du renversement de celui qui est considéré par beaucoup comme un dictateur après avoir été un symbole de la lutte anticoloniale.

Sa chute devrait avoir des répercussions dans le reste de l'Afrique où un certain nombre de chefs d'Etat, de Yoweri Museveni en Ouganda, au président de la République démocratique du Congo (RDC), Joseph Kabila, s'accrochent au pouvoir au delà de la fin de leur mandat en cherchant à faire modifier la Constitution dans un sens qui leur soit favorable.

(Avec Ed Cropley; Danielle Rouquié pour le service français)