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Qui est Robert Kennedy Jr., neveu de JFK, devenu la figure de proue des anti-vaccins aux États-Unis?

Robert Kennedy Jr. - Image d'illustration  - Angela Weiss / AFP
Robert Kennedy Jr. - Image d'illustration - Angela Weiss / AFP

Un Kennedy peut en cacher un autre. En novembre dernier, plusieurs centaines d'adeptes de la mouvance QAnon étaient réunis à Dallas, lieu de l'assassinat de John Fitzgerald Kennedy, où ils espéraient être les témoins de la réapparition du fils de ce dernier, John F. Kennedy Jr, pourtant mort en 1999 avec sa femme Carolyn et sa belle-soeur Lauren dans un l'avion qui s'est abîmé en mer au large de l'Etat du Massachussetts.

Anthony Fauci et Bill Gates pris pour cible

Si, assez logiquement, le défunt n'est pas réapparu en terre texane, c'est un autre membre de la famille Kennedy, Robert Kennedy Jr., neveu de JFK et fils de Robert Kennedy, lui-même assassiné en 1968, qui fait grandement parler de lui en cette période de pandémie de Covid-19. Âgé de 68 ans, il est l'un militant anti-vaccin les plus influents outre-Atlantique et est, entre autres, producteur délégué d'un documentaire contre l'immunisation nommé Vaxxed II: The People's Truth, sorti en 2019.

Robert Kennedy Jr. est également extrêmement prolifique en ce qui concerne l'écriture, et son dernier essai, The Real Anthony Fauci: Bill Gates, Big Pharma, and the Global War on Democracy and Public Health, a atteint les sommets de ventes sur le site Amazon, rappelle le média Challenges. Dans cet ouvrage, plusieurs graves accusations empreintes de complotisme dont celle selon laquelle Fauci et Gates auraient programmé une série d'épidémies mondiales afin de vendre des vaccins et d'enrichir le fameux "Big Pharma", terme utilisé dans la sphère du complotisme pour désigner l'industrie pharmaceutique.

Selon lui, la pandémie de Covid-19 trouve ses origines dans un laboratoire de la ville de Wuhan et aurait été diffusé dans le but de mettre en place une sorte de totalitarisme mondiale illustrée par, entre autres, le port du masque imposé à la population et bien sur la vaccination obligatoire de la population.

Tombeur de Monsanto

Comme le révèle une enquête du Figaro qui lui est dédiée, le ralliement de Robert Kennedy Jr. à la cause anti-vax remonterait à 2005, alors qu'il était un avocat engagé dans la défense de l'environnement. En 2018, il est par exemple l'un des avocats de Dewayne Lee Johnson, un homme atteint d'un cancer qui avait attaqué Monsanto pour avoir caché les effets dangereux du glyphosate, et à qui la firme avait été condamnée à payer 289 millions de dollars.

En 2005 donc, une psychologue serait venue à sa rencontre pour lui parler de son fils autiste. Selon elle, le mercure présent dans des vaccins serait la cause de cette maladie et Robert Kennedy, convaincu par l'hypothèse, écrit un article sur le sujet nommé "Immunité mortelle" qui selon un scientifique interrogé par le quotidien est "rempli d'erreurs." Un coup d'arrêt qui n'empêche pas Kennedy de poursuivre dans sa nouvelle lubie.

Et le feu prend très vite. Grâce à sa gouaille et ses discours, il parvint à rapidement se faire une place de choix dans l'univers anti-vaccin. En 2016, il fonde le World Mercury Project, rebaptisé en 2018 Children’s Health Defense (CHD), sur lequel théories du complot et articles à l'intérêt scientifique modéré se côtoient. Selon Le Figaro, le site peut se targuer de 4,7 millions de visites mensuelles et se développe à l'international au point que le sexagénaire est actuellement l'un des activistes antivax les plus influents du pays.

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Références à Hitler et à Anne Frank

Lors de ses discours, il n'est d'ailleurs pas rare que le sexagénaire dérape. Lors d'un rassemblement tenu dimanche passé à Washington, il a comparé la vaccination aux actions d'un régime totalitaire et a suggéré qu'Anne Frank était dans une meilleure situation lorsqu'elle se cachait, avec sa famille, des Nazis.

"Même dans l'Allemagne hitlérienne, vous pouviez traverser les Alpes et vous retrouver en Suisse. Vous pouviez vous cacher dans un grenier, comme l'a fait Anne Frank. J'ai visité, en 1962, l'Allemagne de l'Est avec mon père et j'ai rencontré des gens qui avaient escaladé le mur et s'étaient échappés, donc c'était possible. Beaucoup sont morts, c'est vrai, mais c'était possible", a-t-il lancé à une foule visiblement conquise.

Logiquement, la sortie a fait polémique et comme le rapporte CNN, le mémorial d'Auschwitz a répondu à cette diatribe en rappelant que "l'exploitation de la tragédie de personnes qui ont souffert, ont été humiliées, torturées et assassinées par le régime totalitaire de l'Allemagne nazie - y compris des enfants comme Anne Frank - dans un débat sur les vaccins et limitations pendant la pandémie mondiale est un triste symptôme de décadence morale et intellectuelle."

Selon le média américain, au cours de ce discours, plusieurs spectateurs présentaient des pancartes demandant de "Ramener les procès de Nuremberg" pour les politiques actuels et au moins un homme a été vu arborant une étoile juive jaune.

Alors qu'Anthony Fauci vit sous protection policière depuis la parution de ce libre, Robert Kennedy Jr. poursuit sa croisade contre la vaccination et tente même de s'exporter à l'étranger. Il a en effet été vu en novembre passé à Milan et en Suisse, où il a pu s'adresser à quelques centaines de manifestants.

Article original publié sur BFMTV.com