Robert Charlebois : "On m'a dit : "Il faut que tu entendes cette voix exceptionnelle". C'est la plus grande chanteuse au monde"

À 80 ans, Robert Charlebois revient sur scène avec un tout nouveau spectacle intitulé "Charlebois, Ducharme et les autres". Pour Yahoo, le chanteur, qui a nourri son art des deux côtés de l’Atlantique, s’est confié sur ses 60 ans de carrière et ses nombreuses rencontres, se livrant avec humour et lucidité sur le temps qui passe.

Figure incontournable de la musique francophone, Robert Charlebois traverse les époques, avec la même passion. À travers ses réflexions sur la chanson, son admiration pour certains artistes comme Céline Dion ou Taylor Swift ou encore ses observations sur la société hyperconnectée d’aujourd’hui, le chanteur de 80 ans livre pour le format "Inoubliable" de Yahoo un témoignage vibrant et sans filtre. Une voix d’artiste mais aussi de philosophe, parfois critique mais toujours authentique.

La musique actuelle ? Robert Charlebois ne mâche pas ses mots lorsqu’il en parle. “On est dans un creux monstrueux, une pauvreté musicale qui me désole”, confie-t-il tout en pointant du doigt un certain immobilisme, particulièrement dans le rap où il déplore l’absence de mélodie et le tempo “assez répétitif”, le “même depuis des années”. Quant à la musique pop, elle “tourne en rond”, selon lui. Un constat bien triste pour celui qui a connu des époques où la musique “parlait aux gens”.

“Les gens ne veulent pas lire une chanson”. Comme il le rappelle, la musique, c’est avant tout une émotion “qui frappe entre les deux oreilles”. Une vibration qu’ils veulent ressentir “lorsqu’ils conduisent ou lorsqu’ils lavent la vaisselle”. Pour lui, une chanson réussie, c’est celle dans laquelle les autres peuvent se reconnaître comme par exemple “Ordinaire”, l’une de ses chansons qu’il affectionne particulièrement.

Un talent qu'il reconnaît chez d'autres artistes. Curieusement, Robert Charlebois se déclare “Swifty”. L’homme, qui a nourri son art des deux côtés de l’Atlantique, dit admirer Taylor Swift sans pour autant écouter sa musique mais confie avoir lu tous ses textes et ses livres. Un respect pour l’artiste américaine qui repose sur des points qu’ils ont en commun : le folklore, le country et les émotions racontées avec simplicité. Des similitudes qui pourraient presque un peu l’agacer. “Elle m’imite en tout. Elle finit ses concerts avec une chanson au piano, toute seule. Moi, ça fait 60 ans que je fais ça. Les gens crient au génie, c’est injuste quand même”, s’amuse-t-il avec un brin d’ironie. Mais derrière l’humour, le chanteur, qui a été inspiré autant par Elvis et Buddy Holly que par Brel, Barbara, Aznavour et Gainsbourg, garde une reconnaissance sincère pour cette artiste devenue, à ses yeux, “Wonder Woman”. “C’est une grande poétesse”, confie-t-il. Une reconnaissance qu’il porte également pour Céline Dion qu’il a connue à ses débuts.

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Il se rappelle notamment du moment où il a croisé son chemin. Comme il l’explique, la diva chantait déjà, à ses 12 ans, dans des truck stops le long des routes, des bars improbables où personne ne s’attend réellement à entendre une voix exceptionnelle. “Il faut que tu l’entendes”, lui avait dit son attachée de presse. Et elle avait raison. Quelques années plus tard, Céline est devenue Céline Dion, “la meilleure chanteuse au monde” .

Et si le talent et la voix intemporelle de Céline traversent les générations sans prendre une seule ride, le monde qui l'entoure, lui, a bien changé. Robert Charlebois déplore la place importante que prennent aujourd’hui les technologies dans nos vies. Lui n’a pas de téléphone portable et le revendique. “Je n’aime pas être en laisse”. Mais au-delà du refus personnel, il observe avec effroi les transformations physiques et sociales qui découlent d’une utilisation excessive du téléphone. “L’homo erectus s’était mis débout et l’homo téléphonus est tout le temps”... courbé. Choqué par la tournure des événements, il raconte d’ailleurs l’histoire d’un petit garçon de quatre ans dont les poignets étaient cassés mais qui se disait heureux de pouvoir encore jouer avec sa tablette.

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Une anecdote révélatrice d’un monde où le virtuel remplace peu à peu la vraie vie et où les enfants préfèrent les écrans aux jeux en plein air. “Moi, à son âge, je ne pouvais pas imaginer ne pas courir dehors, jouer au hockey ou lancer une balle”, confie-t-il tout en rappelant à tous l’importance de “l’énergie”, celle qui anime la vie, la scène et la création et celle qui permet de repousser le poids du temps. “Évidemment, on a une date de péremption mais tant qu’on a de l’énergie, on avance”, conclut-il expliquant sa joie de retrouver la scène, encore et toujours.