Roanne: huit mois de prison avec sursis pour le père qui avait frappé l'agresseur présumé de sa fille

Jugé en janvier aux côtés de trois de ses amis pour avoir voulu se faire justice lui-même après l'agression de sa fille à Roanne, le père de famille a été condamné ce mardi. La peine est inférieure aux réquisitions du parquet.

Le père de famille qui avait frappé l'agresseur présumé de sa fille âgée de 6 ans a été condamné ce mardi à huit mois de prison avec sursis par le tribunal judiciaire de Roanne, rapporte Le Progrès. Deux des trois hommes qui l'accompagnaient au moment des faits ont été relaxés. Le dernier, reconnu par les policiers alors qu'il frappait l'adolescent, a écopé de six mois de prison ferme.

Les faits remontent au mois d'octobre. Un individu entre de nuit dans le domicile du père de famille à Roanne et agresse sexuellement sa fille. Le lendemain soir, le père organise alors une ronde dans le quartier et tombe sur le suspect, un adolescent de 16 ans, qu'il reconnaît avoir alors "roué de coups".

"Circonstances particulières"

Le parquet avait requis une peine de 18 mois de prison, dont 6 à 9 mois avec sursis probatoire de 2 ans, contre ce père de famille. Mais le tribunal a expliqué dans son délibéré avoir tenu compte des circonstances particulières des faits.

Durant l'audience, le 24 janvier, le père de famille a prétendu être le seul à avoir frappé l'adolescent. À la barre, il avait reconnu ses torts, mais a avoué avoir été dépassé par l'émotion.

"Je comprends votre émotion et votre colère, mais je suis là aussi pour dire qu’on ne peut accepter certaines dérives", avait déclaré durant l'audience Abdelkrim Grini, le procureur de Roanne. "Là, on a basculé."

Une "certaine bienveillance" du tribunal

"Les réquisitions étaient à mon avis sévères et inadaptées", quand "la peine prononcée aujourd'hui par le tribunal est tout à fait logique", a indiqué aux journalistes présents l'avocat du père de famille, Me Jean-François Canis.

Pour le conseil, le contexte "très particulier" a joué sur le quantum de la peine.

"Ce n'était pas des violences gratuites (...) mais des violences d'un homme dont on pouvait comprendre la colère compte tenu des faits dont sa fille avait été victime", a déclaré Me Jean-François Canis.

Il a également salué le fait que le tribunal ait indiqué, dans son délibéré, avoir tenu compte de ces "circonstances particulières par rapport à sa fille" qui ont "amené le tribunal à une certaine bienveillance". Il n'y aura pas d'appel de cette décision, a précisé Me Jean-François Canis, "tout à fait satisfait" de celle-ci.

Article original publié sur BFMTV.com

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