RN : Macron recadre Borne après son discours sur les « héritiers de Pétain »
POLITIQUE - Pétain, mauvais coup. Emmanuel Macron a repris de volée sa Première ministre Élisabeth Borne, sans la nommer, ce mardi 30 mai lors du Conseil des ministres. Plusieurs participants rapportent effectivement que le chef de l’État a longuement disserté sur la stratégie à adopter pour contrer l’extrême droite, une référence claire aux mots employés par la cheffe du gouvernement.
Spoiler : la vision présidentielle diffère nettement de celle reflétée par la récente sortie de la locataire de Matignon. Élisabeth Borne a effectivement estimé, dimanche 28 mai, dans un entretien à Radio J, que le Rassemblement national était un « parti héritier de Pétain », reprenant les termes d’une question qui lui était posée.
Soit tout ce qu’il ne faut pas faire, à en croire le président de la République, qui ne s’est pas privé de le faire comprendre à ses ministres. Quitte à utiliser des mots bien peu aimables à l’égard d’Élisabeth Borne.
Selon plusieurs médias, Emmanuel Macron a effectivement expliqué que la lutte contre Marine Le Pen ne peut plus se faire avec des mots « des années 1990 qui ne fonctionnent plus. » Elle doit passer, selon lui, par le « réel », le « concret », le « fond et les incohérences » en pilonnant par exemple les errements programmatiques des lepénistes.
« Le combat ne passe plus par des arguments moraux »
« Le combat contre l’extrême droite ne passe plus par des arguments moraux. On n’arrivera pas à faire croire à des millions de Français qui ont voté pour elle que ce sont des fascistes », a notamment asséné le chef de l’État, comme l’ont confirmé plusieurs participants. Une référence claire à l’offensive de sa Première ministre, fille d’un résistant déporté à Auschwitz, contre le parti d’extrême droite. Toujours selon les récits médiatiques, Élisabeth Borne n’a pas réagi à ces piques.
Deux jours plus tôt, la locataire de Matignon n’avait pourtant pas mâché ses mots à l’égard du mouvement lepéniste, dont le premier bureau politique était notamment composé de François Brigneau, qui s’engagea dans la Milice du gouvernement de Vichy le 6 juin 1944, ou de Pierre Bousquet, engagé volontaire dans la division Charlemagne, qui regroupait des Waffen SS français.
« Je pense qu’il ne faut pas banaliser ses idées, ses idées sont toujours les mêmes. Alors maintenant, le Rassemblement national y met les formes, mais je continue à penser que c’est une idéologie dangereuse », avait-elle jugé, s’élevant contre toute forme de « banalisation », et assumant au contraire un lien entre le parti de Jordan Bardella et le chef du régime de Vichy qui collabora avec l’Allemagne nazie.
Une tirade qui a provoqué la colère des représentants du parti d’extrême droite… Et la mise au point d’Emmanuel Macron, lequel avait déjà estimé par le passé qu’il fallait « répondre aux défis du pays » (économiques ou migratoires) pour endiguer la montée du Rassemblement national. Une stratégie qui doit encore faire ses preuves : En cinq ans de présidence macroniste (2017-2022), le Rassemblement national a engrangé presque 3 millions de voix supplémentaires.
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