Le RN lance une campagne "d'emprunt national" auprès des Français avant les européennes

Le Rassemblement national, qui a déjà utilisé à plusieurs reprises la générosité de ses sympathisants, va lancer prochainement un nouvel appel à prêt pour financer la campagne de Jordan Bardella.

Une opération toute symbolique pour le Rassemblement national. Confronté au refus de plusieurs banques françaises pour obtenir un prêt aux élections européennes, le mouvement dirigé par Jordan Bardella s'apprête à lancer une campagne d'emprunt auprès de ses sympathisants, d'après des informations du Parisien, confirmées par BFMTV.com.

"Lancer un "emprunt national" permet à de nombreux Français qui ont envie de nous soutenir de pouvoir le faire", décrypte l'entourage de Marine Le Pen.

Une méthode déjà utilisée

Une opération similaire avait déjà été lancée en 2019 pour soutenir la précédente campagne de Jordan Bardella pour les européennes, avec un certain succès. Environ 800 personnes avaient prêté des fonds au mouvement.

Si le trésorier du parti, Kevin Pfeffer, explique que "les modalités" précises du prêt seront détaillées ultérieurement, il a toutes les chances de ressembler à la précédente mouture. Le RN avait permis aux sympathisants de financer sa campagne en leur demandant de prêter au moins 1.000 euros avec un intérêt de 5%.

La méthode a eu le mérite de renflouer à de nombreuses reprises les caisses du mouvement, structurellement très endetté. Avec une dette qui s'élève actuellement à 20 millions d'euros, la manœuvre a déjà permis de donner de l'air au parti, comme en septembre 2022.

Un prêt russe totalement remboursé

En dépit de l'élection de ses 89 députés ouvrant la porte à des millions d'euros de financement public, le RN décide alors de lancer un "emprunt patriotique" ouvert à partir de 500 euros. Et pour cause: les fonds de l'État n'étaient pas arrivés sur le compte en banque du parti avant le printemps 2023.

Le parti dirigé par Jordan Bardella a remboursé totalement en septembre le prêt russe qu'il avait contracté en 2014. Cette créance avait été au cœur des attaques portées par les adversaires de Marine Le Pen, en premier lieu Emmanuel Macron, qui avait estimé que la candidate parlait "à (son) banquier quand elle parle de la Russie", lors du débat d'entre-deux tours de la présidentielle de 2022. De quoi en faire un vrai problème politique en pleine guerre entre Kiev et Moscou.

La patronne des députés RN s'est défendue en mai dernier de tout conflit d'intérêt avec la Russie, expliquant ne pas avoir eu le choix face aux refus de l’intégralité des banques françaises lors de la campagne des régionales en 2014 de lui prêter de l'argent.

Face aux difficutés de financement de plusieurs partis politiques, François Bayrou avait lancé l'idée en 2017 de créer une "banque de la démocratie" qui permettrait aux partis de se financer de manière transparente sans passer par une banque privée. Votée à l'Assemblée nationale en 2017, elle a été abandonnée par le gouvernement.

Article original publié sur BFMTV.com

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