Risque d’embrasement au Moyen-Orient : cette fois, c’est différent
Journalistes, analystes et diplomates évoquent le risque d’une guerre régionale de grande ampleur depuis bientôt dix mois. À force de crier au loup, plus personne n’y croit. Mais cette fois-ci, c’est différent. Le sentiment de frayeur, parfois même de panique, est plus diffus. Il est particulièrement lié au fait que les États-Unis, la France et la Grande-Bretagne ont appelé leurs ressortissants à quitter le Liban au plus vite. Est-ce le signe que la guerre est inévitable ? Toujours pas. Mais le risque a atteint son niveau le plus élevé depuis le 7 octobre dernier.
Ni l’Iran, ni les États-Unis, ni Israël ne souhaitent s’engager aujourd’hui dans un conflit régional de grande ampleur. Ce facteur-là ne semble pas avoir beaucoup évolué depuis la dernière grosse escalade irano-israélienne en avril dernier, à la suite d’une frappe contre le consulat iranien à Damas.
Ce qui, en revanche, a de quoi susciter l’inquiétude, c’est que les principaux belligérants semblent prêts à prendre plus de risques que lors de leur dernier bras de fer pour “remporter” la séquence. Israël veut reprendre l’avantage en poussant “l’axe de la résistance” [l’ensemble des groupes armés soutenus par la République islamique d’Iran] dans ses retranchements. Et celui-ci veut restaurer sa capacité de dissuasion pour ne pas perdre une grande partie du crédit qu’il a accumulé depuis le 7 octobre.
Il s’agit de frapper fort, mais en dessous du seuil
Combien de défaites tactiques “l’axe” peut-il accepter en vue d’une victoire stratégique incertaine ? L’Iran est en position de force depuis le 7 octobre. Il a déployé ses milices sans renoncer à son programme nucléaire et constate, avec satisfaction, qu’Israël est affaibli et isolé. Mais cela commence à lui coûter cher. L’addition est salée et le dessert n’est pas encore servi. Sa victoire dépend de la conclusion d’un cessez-le-feu à Gaza, des calculs de Benyamin Nétanyahou et de l’élection présidentielle américaine.
L’Iran peut encore perdre tous ses acquis, mais plus encore en cas de conflit régional. C’est pourquoi, malgré ses menaces, “l’axe” va probablement une nouvelle fois chercher à éviter de le déclencher. Mais en se montrant moins précautionneux que la dernière fois pour dissuader Israël de cibler à nouveau Beyrouth ou Téhéran. Il s’agit de frapper fort, mais en dessous du seuil. C’est un chemin étroit, plus facile à emprunter si les cibles sont militaires et si la riposte n’est pas menée à partir de plusieurs fronts en même temps.
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