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«Rio Corgo», le Portugal à l’état brut

Joaquim Silva a exercé autrefois une multitude de métiers : berger, barbier, mineur, jardinier, clown… Libre de droits

Entre western rural et conte halluciné, ce docu-fiction décrit avec grâce le retour d’un ancien baroudeur dans son village natal pour y attendre la mort.

Rio Corgo brosse le portrait éclaté du vieux Joaquim Silva, toujours habillé de noir, chaussé de santiags, coiffé d’un sombrero mexicain. Nous ne saurons pas grand-chose de sa vie, sinon qu’il a baroudé de villes en villages en exerçant une multitude de métiers : réparateur de parapluies, agriculteur, berger, barbier, maçon, mineur, jardinier, clown, magicien. De retour dans le village de son enfance, dans le nord du Portugal, il se lie d’amitié avec la jeune Ana qui lui apporte chaque jour de la viande pour ses animaux. Il y a aussi un voisin qui fait chanter son chien au son de son accordéon. Et surtout, il y a la mort, omniprésente, s’annonçant sous de multiples formes, à travers diverses apparitions ou visions, et avec laquelle Silva semble constamment être en train de négocier.

Influence. Malgré son indéniable singularité, Rio Corgo s’inscrit dans une lignée essentielle de l’histoire du cinéma portugais, dont la région où il se situe, le Trás-Os-Montes, fut le lieu de naissance, le berceau mythique. C’est en effet là qu’António Reis et Margarida Cordeiro réalisèrent en 1976 Trás-os-Montes, un film trop méconnu en France qui eut une influence considérable sur des cinéastes aussi importants que João César Monteiro, Pedro Costa, João Pedro Rodrigues ou Miguel Gomes (ce dernier a d’ailleurs adoubé Rio Corgo en répétant çà et là tout le bien qu’il en pense).

Par leur film, Reis et Cordeiro renouvelèrent le cinéma portugais non seulement en se déplaçant dans un lieu aussi somptueux que vierge de toute imagerie, mais surtout en se ressourçant dans tout un imaginaire populaire de leur pays, rural, paysan, légendaire. Ce qu’ils y trouvèrent, qui ne cesse depuis de nourrir le cinéma portugais et qui lie malgré leurs différences tous les cinéastes cités plus haut, c’est une façon très libre de mêler documentaire et (...)

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