Ricochet

Au rythme où va le trafic d’ivoire, il n’y aura bientôt plus d’éléphants en Afrique et peut-être même sur la planète. Malgré des règles toujours plus contraignantes, le braconnage illégal fait peser un réel danger sur cet animal à effet de rêve (relire vite les Racines du ciel de Romain Gary), le plus gros existant sur terre. Près d’une centaine de pachydermes sont en effet tués chaque jour pour leur ivoire et l’on ne parle pas des rhinocéros promis au même avenir. Ce combat-là est-il prioritaire au vu de toutes les guerres qui émaillent la planète ? Ce sont précisément les sommes phénoménales engendrées par les trafics en tout genre, et notamment celui de l’ivoire, qui financent certains conflits armés, tels ceux du Darfour ou du Sud-Soudan. Se battre pour la survie de l’éléphant permet donc, par ricochet, d’aider à tarir les sources d’approvisionnement des seigneurs de guerre. Mais pas seulement. L’éléphant a son utilité dans la grande chaîne de la nature. Il dissémine les graines des arbres et ouvre le milieu végétal. Il reste une force de perturbation de l’écosystème et les experts l’affirment : un écosystème qui n’est pas perturbé s’appauvrit. Témoin, l’Australie qui souffre d’incendies à répétition, a envisagé d’introduire des éléphants sur son territoire pour stabiliser son milieu naturel. Les Chinois ont certes une grosse part de responsabilité dans l’ampleur du trafic (lire page 5) mais les Occidentaux aussi. Ceux-ci seraient bien inspirés d’aider à mettre en place, dans les pays avec lesquels ils ont des accords de développement, des systèmes intelligents d’aires protégées. Le domaine vital de l’éléphant est si grand que le protéger revient à protéger toutes les espèces présentes sur son territoire.

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«Le braconnage de masse est orchestré par des groupes terroristes»
La Chine toujours avide d’or blanc
Un trafic très lucratif et mal combattu
Ivoire : les éléphants sans défense
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