Rhétorique

Etait-ce vraiment la bonne manière de négocier ? On a tout dit sur les fautes des Européens. Une austérité appliquée sans discernement sous la pression de la troïka, les raideurs dogmatiques du FMI, l’orthodoxie à front de taureau d’une partie de la classe politique allemande, la rigidité de plusieurs pays de l’Europe de l’Est, les arrière-pensées politiques d’une partie des forces politiques d’Europe du Sud qui refusent, par peur de Podemos, de concéder à Syriza la moindre victoire. Mais, justement, l’Europe avait commencé vendredi d’assouplir sa position, sous l’influence de la France notamment. Elle était prête à accepter le maintien des retraites ou à aborder le difficile dossier de la réduction de la dette. C’est le moment qu’a choisi Aléxis Tsípras pour rompre les discussions et annoncer, sans prévenir ses propres négociateurs, la tenue prochaine d’un référendum, non pas pour faire accepter un accord - ce qui eût été courageux - mais pour rejeter les propositions de la partie adverse. C’était évidemment renforcer les durs de l’Union, décidés à faire un exemple avec la Grèce. A portée de main vendredi, le compromis s’éloigne désormais à tire-d’aile. L’accord en vue était-il trop sévère ? Ou bien Tsípras a-t-il cédé à la pression des antieuropéens de sa majorité, qu’il s’agisse de ses alliés d’extrême droite ou de la partie la plus radicale de son parti ? On se prend à douter. Le peuple grec, désormais rationné en liquidités, risque de subir dans l’isolement une austérité pire que celle que ses représentants ont refusée à Bruxelles. Il n’est qu’une solution désormais, à moins de sauter dans un inconnu hérissé de tous les dangers : quitter les postures rhétoriques et revenir à la table de négociation. En tout état de cause, un mauvais accord vaudra mieux qu’une bonne rupture. Pour tout le monde.



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