La revenante de Daech se fait la belle

Arrêtée à la frontière turque en 2015 alors qu'elle voulait entrer en Syri, Douha Mounib, emprisonnée à Fresnes, a manqué son évasion. Mais les questions s'accumulent.

Dimanche 14 novembre. Fresnes est plongée dans l’obscurité. Plusieurs barrières hyperfréquence détectent une anomalie: une variation d’amplitude du champ électromagnétique provoquée par le passage d’un intrus sur le chemin de ronde, un couloir étroit entre deux remparts. Au poste d’information et de contrôle (Pic), une alarme se déclenche sans inquiéter le personnel: aucun élément suspect n’apparaît sur les images des caméras de vidéosurveillance. Quelques instants plus tard, rebelote. Deux agents se rendent sur place, loin d’imaginer qu’ils vont surprendre en flagrant délit une évadée, Douha Mounib, glacée, l’air penaud…

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Cette découverte laisse les surveillants pantois. Personne n’aurait pu soupçonner la jeune femme. «La fouille de sa cellule a révélé sa détermination et ses essais avortés», raconte Yoan Karar, secrétaire général adjoint de FO-Justice. «La détenue avait percé son plafond [au-dessus des toilettes], espérant passer par les toits. Elle a aussi scié un de ses barreaux avec un couteau. » Elle a finalement opté pour une troisième possibilité: un trou de 70 centimètres de profondeur, creusé dans son mur, sous sa fenêtre. Elle a gratté la couche de plâtre puis descellé une par une les pierres en utilisant un mélange de vinaigre et d’eau. Avec pour seuls outils une petite cuillère et deux couteaux de cantine à bout rond… Improbable mais vrai! Fresnes, taule centenaire rongée par l’humidité, craque. Les infiltrations d’eau ont rendu les murs friables comme du sable. La jeune femme a berné tout le monde. Elle a caché son œuvre sous des feuilles blanches A4, s’est débarrassée des gravats dans trois bassines dissimulées sous du linge; elle a placé(...)


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