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Revalorisation des soignants : le gouvernement "pas à la hauteur"

Manifestation du personnel hospitalier, à Strasbourg, le 16 juin 2020.

Plusieurs syndicats et collectifs de soignants jugent insuffisantes les dernières annonces du gouvernement, qui propose une hausse de salaire de 180 euros en deux fois, et 15 000 embauches.

Le projet d’accord autour du “Ségur de la santé” est loin de faire l’unanimité chez les soignants. Les négociations entre syndicats et gouvernement se sont achevées dans la nuit de mercredi à jeudi et un projet d'accord a été trouvé pour la revalorisation des métiers paramédicaux et non médicaux.

Il prévoit notamment une augmentation salariale de 180 euros par mois pour tous les salariés des métiers paramédicaux comme les infirmiers et les aides-soignants et non médicaux, comme les brancardiers et les administratifs.

“Le gouvernement n’est pas à la hauteur”

Des propositions qui ont du mal à convaincre Grégory Chakir, du collectif Inter-Blocs. “On est déçus, il y a eu beaucoup de communications autour du Ségur pour peu de résultats. Le gouvernement n’est pas à la hauteur des enjeux” déplore le porte-parole de ce collectif qui représente les infirmiers des blocs opératoires, et qui n’a pas pris part aux négociations. Son sentiment : “Cela donne l’impression que Jean Castex veut vite clore le dossier et passer à autre chose”.

Les collectifs et syndicats réclamaient une revalorisation salariale de 300 euros nets. Une somme censée “rattraper le retard de rémunération dû au gel du point d’indice depuis 2010 et combler une partie de l’écart de salaire avec les autres pays de l’OCDE”, rappelle Christophe Prudhomme de la CGT Santé et porte-parole de l'association des médecins urgentistes de France.

Les infirmiers français ont l’une des rémunérations les plus faibles des pays de l’OCDE, selon une étude de 2017. La rémunération moyenne des infirmiers français est inférieure de 5% au salaire moyen national. En comparaison, en Espagne, un infirmier gagne 28% de plus que le salaire moyen. “On s’attendait au moins à une hausse de 300 euros pour combler cet écart incompréhensible, on est très loin du compte” déplore Grégory Chakir.

“Le mépris continue”

La déception domine après cette annonce d’une revalorisation salariale de 180 euros, en deux temps. Une colère affichée quelques heures après l’annonce du projet d’accord par les soignants de l’hôpital Saint-Louis à Paris. “180€ en mars = le mépris continue” dénoncent-ils sur une banderole.

“Leur proposition est bien loin des revendications. Ce n’est pas une revalorisation de 180 euros, mais de 90 euros en septembre et de 90 euros au 1er mars 2021. Étaler comme cela la revalorisation, ce n’est pas sérieux comme proposition”, déplore Christophe Prudhomme CGT.

Montant total de l’enveloppe dédiée aux rémunérations : 7,5 milliards d’euros.

Autre volet du projet d’accord, 15 000 embauches supplémentaires dont 7 500 créations de postes. “Si le chiffre peut paraître important, cela représente environ 3 agents supplémentaires par établissement”, déplore Christophe Prudhomme.

“Beaucoup d’annonces, peu d’actes”

“Il y a eu beaucoup d’effets d’annonce, de communication : les remises de médailles, le défilé du 14 juillet, les applaudissements... mais peu d’actes. Il y a un gros décalage entre la communication et les actions”, déplore le porte-parole du collectif Inter-Blocs. “Le meilleur remerciement, ce n’est pas une médaille ni un défilé, c’est des créations de postes et une augmentation des salaires” renchérit Christophe Prudhomme.

Le collectif Inter-Urgences déplore le manque d’avancées des négociations : “On ne demande pas la lune mais un salaire au niveau moyen des pays de l'OCDE, des effectifs en nombre pour la qualité des soins et la réouverture de lits sur le territoire pour assurer le respect de la dignité des patients. Magie de la négociation : rien de tout ça”.

Manifestation le 14 juillet

Le projet d’accord doit maintenant être validé par les syndicats. Ils ont jusqu'à lundi pour se tourner vers leur base et signer le protocole d'accord. Du côté de la CGT, rien ne sera signé dans ces conditions là, nous assure Christophe Prudhomme.

Du côté de la CFDT, on estime que la revalorisation salariale n'est "pas suffisante mais quand même conséquente”, déclare Eve Rescanières, secrétaire générale de la CFDT Santé Sociaux à France Inter avant de saluer d’autres avancées comme la réactualisation des grilles salariales, pour mieux correspondre aux diplômes.

Du côté des autres professions hospitalières, si un projet d’accord a été trouvé avec les étudiants en médecine et les internes, les médecins ont claqué la porte des négociations. Une nouvelle mobilisation du personnel hospitalier doit avoir lieu le 14 juillet.