Les retrouvailles de la Mer Morte

La mer est huileuse et sent le soufre.

Les amours d’un juif guatémaltèque en Israël, par Eduardo Halfon.

L’intrigue apparente est assez ténue. Eduardo, un jeune juif guatémaltèque arrive en Israël pour un court séjour : sa sœur, devenue ultrareligieuse s’apprête à épouser un juif américain ignare et obtus. En débarquant à l’aéroport, il tombe sur une fille dont il a failli être amoureux quelques années plus tôt, ils font une balade dans le désert.

L’important est ailleurs : dès les premières lignes, le lecteur est pris par le ton du récit - un mélange d’humour et de violent refus du pathos et de l’entre-soi - et, au fur et à mesure des pages, il est bousculé par la manière dont, l’air de rien, le narrateur tourne et contourne pour s’approcher du véritable sujet de l’histoire.

Les passagers qui fument devant le carrousel à bagages de Tel-Aviv, comme si ce n’était pas strictement interdit dans les aéroports du monde entier, la sœur si jeune et si belle dont le langage s’est transformé «comme toujours chez les dévots compulsifs, en un charabia farouche et frivole», le chauffeur de taxi qui crie qu’il faut «tuer tous les Arabes», Eduardo pense à ses trois grands-parents, Arabes juifs nés à Beyrouth, Alexandrie et Alep (le quatrième vient de Varsovie), il répond : «Vous avez raison… Mais comment fait-on ? Quelle méthode proposez-vous pour les tuer ?»

Une doudoune de femme rose, ridicule et très insuffisante pour l’hiver polonais. Un rabbin argentin qui milite pour un club de foot et contre les mariages mixtes et a «engrossé puis épousé une Guatémaltèque catholique ("but contre son camp", avait commenté mon philosophe de grand-père)».

Tamara, naguère croisée en hippie dans un bar guatémaltèque et retrouvée sous l’uniforme de la Lufthansa dans l’aéroport de Tel-Aviv, l’emmène jusqu’à une plage déserte de la Mer Morte. «Je ne suis plus juif, lui avais-je dit en souriant, je suis à la retraite. Comment ça, plus juif, ce n’est pas possible, avait-elle crié comme le font les Israéliens».

La mer est huileuse (...)

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