Retraites: Retailleau juge qu'il y a "des choses à négocier" mais refuse de revenir sur les 64 ans

Le ministre de l'Intérieur continue de défendre la réforme des retraites. Mais contrairement à Laurent Wauquiez, il ne brandit pas le spectre de sa démission en cas de nouvelles négociations autour de l'âge de départ.

Ménager ses collègues de droite tout comme son poste au gouvernement. En pleines négociations de François Bayrou et du ministre de l'Économie avec la gauche qui espère parvenir à une suspension de la réforme des retraites, Bruno Retailleau refuse de hausser le ton.

"J'ai porté cette réforme parce qu'elle me semblait être dans l'intérêt supérieur de la Nation", a lancé le ministre de l'Intérieur lors d'une visite au Havre ce lundi, tout en jugeant qu'il y avait des "choses qu'on pouvait encore négocier".

À l'automne 2023, en plein débat sur la retraite à 64 ans, Bruno Retaillau était président des sénateurs LR. Si la droite à l'Assemblée n'a soutenu que du bout des lèvres la réforme, refusant de la voter dans l'hémicycle, le Sénat à majorité LR a largement soutenu le passage à 64 ans.

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Autant dire que les manoeuvres de François Bayrou qui tente de convaincre la gauche de ne pas le censurer dans les prochains mois et se dit prêt à lâcher du lest sur ce texte passent mal auprès de la chambre haute. Le président du Sénat a réclamé de son côté qu'il n'y ait "ni suspension ni abrogation" ce dimanche dans les colonnes du Parisien.

"Il y a du grain à moudre sur la question de l'usure professionnelle, l'emploi des seniors, la question des femmes", banalise de son côté Bruno Retailleau.

Au Sénat, l'élu de Vendée avait notamment défendu la création d'un CDI seniors. Rejetée par le Conseil constitutionnel, la proposition vise à encourager les entreprises à embaucher des personnes de 60 ans et plus en échange d'un allégement de cotisations patronales pour les entreprises.

La mesure est vivement critiquée par les syndicats qui appelent plutôt à maintenir les seniors en emploi en les formant davantage ou en aménageant une fin de carrière, notamment pour les emplois les plus pénibles.

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En 2023, plus de huit personnes sur dix étaient en emploi à 55 ans, mais cette part baisse à cinq sur dix à 61 ans, d'après des chiffres du ministère du Travail. De quoi largement amputer les droits à la retraite des Français amenés à travailler progressivement jusqu'à 64 ans en 2030.

Mais à droite, on refuse de revenir en arrière. Le président des députés LR Laurent Wauquiez menace déjà de demander aux ministres de droite de quitter le gouvernement. "Suspendre sans scénario alternatif la réforme des retraites revient à sauter dans le vide sans parachute. Ce sera sans la droite", a-t-il déjà menacé ce week-end auprès du Parisien.

Bruno Retailleau, lui, ne compte manifestement pas quitter le gouvernement. Interrogé sur une éventuelle démission, le ministre de l'Intérieur botte en touche, assurant "ne pas savoir quels seront les contours" d'une éventuelle modification de la réforme des retraites.

"Simplement, je rappelle mes convictions, la position que j'ai toujours eu et je ne suis pas un homme à en changer", s'est simplement contenté d'affirmer Bruno Retailleau.

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Présent à ses côtés pour sa visite au Havre, l'ancien Premier ministre Édouard Philippe est été beaucoup plus clair. "Suspendre" la réforme des retraites "est une mauvaise idée", défend l'ex-locataire de Matignon, qui plaide de son côté pour la retraite à 67 ans.

Article original publié sur BFMTV.com