Retraites : Pierre-Louis Bras, l’ancien président du Cor, fait encore la leçon au gouvernement
POLITIQUE - Il a donné des maux de tête au gouvernement. Accusé par certains d’avoir complexifié la tâche de l’exécutif pendant la réforme des retraites, l’ancien président du Conseil d’orientation des retraites (COR) Pierre-Louis Bras s’exprime pour la première fois depuis son éviction par Matignon mi-octobre après neuf ans de bons (et loyaux ?) services.
Dans un entretien publié par Le Monde ce samedi 18 novembre, l’ancien conseiller ministériel ou directeur de la Sécurité sociale, persiste dans les affirmations qui ont suscité le courroux de plusieurs cadres du camp présidentiel au printemps dernier et signe quelques critiques à l’encontre de la réforme voulue coûte que coûte par Emmanuel Macron.
Pierre-Louis Bras insiste notamment, comme il l’avait fait à plusieurs reprises au Parlement au plus fort de la crise sociale, sur les dépenses qui « ne dérapaient pas » selon les projections du COR et critique, se faisant, « la dramatisation » du gouvernement « qui n’avait pas lieu d’être. »
« Je considère avoir rendu compte fidèlement des travaux du COR », explique-t-il ainsi, en citant par exemple des projections montrant la stabilité voir la diminution de la charge des retraites avec un déficit certes « persistant » mais « imputable à une diminution de la part des ressources dédiées aux retraites. »
Pas forcément juste ni efficace
« En procédant de la sorte, je ne m’inscrivais pas dans le narratif dramatisant que voulait promouvoir le gouvernement pour justifier la réforme : la France vieillit, les dépenses de retraites explosent, ce qui nous conduira à la faillite ; donc il faut repousser l’âge légal de départ », estime ainsi l’ancien patron de l’instance. Une « dramatisation » qui, selon lui, a conduit à « l’affrontement » dans le débat politique et la mise à distance des « données macroéconomiques sur le système. »
Ce n’est pas tout. Pierre-Louis Bras, plus discret sur le fond même de la réforme au moment des débats, exprime deux autres réserves de taille, déjà exprimées par certains spécialistes ou économistes. Il doute par exemple du caractère « juste » de ce projet, mis en avant par ses promoteurs au printemps dernier.
S’il évoque un « bilan favorable à terme » pour les retraités les plus modestes, grâce notamment à l’amélioration du minimum contributif de pension (les fameux 1200 euros sous certaines conditions), l’ancien président du COR rappelle que le décalage de l’âge de départ en retraite « pénalise davantage ceux qui ont connu des métiers pénibles, peu valorisants, peu rémunérés, exigeants. »
Enfin, l’énarque de 64 ans estime que la réforme passée aux forceps « n’améliore pas la soutenabilité financière du système de retraite à long terme », comme l’indiquait pourtant le camp présidentiel. Pour lui, elle va certes produire des économies dans dix ans, mais augmentera la charge des retraites dans trente notamment à cause de l’augmentation des pensions due à l’allongement des carrières. Un « paradoxe », alors que le projet d’Emmanuel Macron devait peu ou prou sauver le système.
À voir également sur Le HuffPost :
Sur l’immigration, Darmanin va devoir dénouer trois points clefs pour obtenir le vote de l’Assemblée
À la marche contre l’antisémitisme, le RN brise un plafond de verre (mais pas sans éclats)