Retraites: le personnel soignant d'un hôpital du Cher se vieillit pour dénoncer la réforme

Une centaine d'employés de l'hôpital de Vierzon pointent la pénibilité de leur travail au quotidien et les conséquences physiques qui en découlent.

Une manière originale de lutter contre la réforme des retraites. Fermement opposée à l'allongement du temps de travail, l'intersyndicale du centre hospitalier de Vierzon, dans le département du Cher, a décidé d'accrocher les portraits vieillis d'une centaine de ses employés sur les grilles de l'établissement.

L'objectif est clair, montrer à quoi le personnel soignant ressemblera au moment de partir à la retraite, si la réforme défendue par le gouvernement entre en vigueur.

"Hôpital du futur, quand la réforme des retraites montre son vrai visage", peut-on lire sur une banderole qui accompagne les clichés.

"L'idée, c'était de se voir à partir de 64 ans et plus, puisque pour certains il va falloir aller au-delà pour avoir une retraite complète", martèle, auprès de France Bleu, Pierre Brunet, représentant de la centrale syndicale, qui indique avoir utilisé "une application qui vieillit" pour transformer ses collègues.

Fatigue généralisée

L'effet est saisissant. Les cheveux blanchis, les cernes plus sombres, les rides creusées, de nombreux employés ont bien du mal à se reconnaître. "Quand ma femme a vu la photo, je peux vous dire qu’elle a eu peur", blague auprès de BFMTV Dominique, un aide-soignant vieilli de sept années.

Derrière la plaisanterie, ce vieillissement du personnel soignant vient également rappeler la dureté de ces métiers et les souffrances dont certains employés souffrent déjà.

"Des douleurs partout, les épaules, les bras, les jambes, la station debout qui est régulière. Toute la journée, c’est compliqué", nous raconte Maria.

Vieillie de 15 ans, Maryvonne lance une réflexion plus globale sur sa profession. "Ça ne donne pas envie de prendre en charge les patients, et je pense que ça ne donne pas envie aux patients d’être pris en charge par Maryvonne à cet âge-là surtout", dit-elle, fixant son portrait trafiqué.

Au micro de France Bleu, Pierre Brunet ajoute que ces professions étant "très féminisés", les femmes seront d'autant plus touchées par cette réforme, évoquant grossesses et carrières plus hachées. "Cela veut dire que pour valider toutes les annuités, il faudra faire des années en plus", alerte le représentant.

"C'est pas encourageant"

Du côté des patients, l'opération fait également mouche. Un jeune homme confie à BFMTV ses craintes quant à l'emploi de personnes de plus en plus âgées dans les métiers de la santé.

"Personnellement ça me fait peur de me faire soigner par une personne qui ne sera peut-être plus compétente, qui n’aura plus sa tête, ou qui va trembler, c’est pas encourageant", dit-il.

Pour une autre patiente, la question de l'âge de départ en retraite est centrale. "Ceux qui veulent travailler, je suis d’accord, mais ceux qui veulent prendre leur retraite et qui ne peuvent pas, je trouve ça très dommage", estime-t-elle.

Ces portraits devraient rester accrochés sur les grilles de l'établissement hospitalier tout le temps de la mobilisation sociale, alors qu'une nouvelle manifestation est prévue ce mardi à Vierzon. Pour amplifier les répercussions de l'initiative, le personnel soignant est invité à diffuser les portraits sur les réseaux sociaux et dans les différents services de l'hôpital.

Article original publié sur BFMTV.com

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