Retraites : comment Occurence compte les manifestants ?

Le cabinet Occurence a parfois fait polémique pour son décompte des manifestants. Le HuffPost est allé dans les coulisses de l’entreprise

RETRAITES - À chaque manifestation, c’est la guerre des chiffres entre les syndicats et préfecture de police pour savoir combien de personnes sont descendues dans la rue. Depuis 2018, le cabinet Occurence est venu s’ajouter à cette bataille. Celui-ci a fait l’objet de polémiques, lors de la mobilisation du 31 janvier contre la réforme des retraites. Il avait alors comptabilisé 55.000 personnes à Paris. Un chiffre en dessous de celui de la préfecture qui en avait compté 87.000, alors que la CGT dénombrait, elle, 500.000.

Le HuffPost a donc passé la manifestation de ce mardi 7 février avec le cabinet, pour voir comment il s’y prenait compter les manifestants, comme vous pouvez le voir dans notre vidéo en tête d’article.

Des capteurs pour calculer la foule

Tout est une affaire de capteur. Installé sur le rebord d’une fenêtre en haut d’un immeuble, le capteur, relié à un ordinateur, compte les personnes qui passent sur une ligne imaginaire grâce à un algorithme. « Il enregistre toutes les dix secondes le nombre de personne qu’il a compté. Et en parallèle, on note la densité du cortège », explique Jocelyn Munoz, directeur chez Occurence. Le flux de personnes est divisé en trois parties : très denses, denses et peu denses.

Problème, reconnaît le cabinet : plus la foule est dense, plus le capteur a du mal à compter. « Mais c’est pour ça qu’on est là, rassure Jocelyn Munoz. On fait ce qu’on appelle un redressement statistique. Par exemple si le capteur a compté 100 et que nous on a compté 102, on va redresser de 2% ».

Des écarts inexpliqués

Ce système de comptage n’explique pas, en revanche, les écarts entre les chiffres du cabinet et ceux des syndicats. Ce qui n’empêche pas Jocelyn Munoz d’avoir tout de même une théorie : « Les syndicats font longueur fois largeur du cortège et ils multiplient le tout par la densité au mètre carré. Mais ce genre de chiffre peut vite partir dans tous les sens ». Le directeur d’Occurence tempère tout de même : « Après, on ne sait pas vraiment pourquoi il y a autant d’écart ».

L’un des reproches qui est fait au cabinet est la proximité de ses données avec celles de la préfecture de police. Mais là aussi, par d’explications concrètes pour Jocelyn Munoz qui admet néanmoins que leurs chiffres sont souvent plus proches de ceux de la préfecture, que ceux des syndicats : « On ne sait pas pourquoi il y a parfois des écarts ».

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