Retraites, fin des 35 heures... Ce que proposait Michel Barnier dans son blog qui a été supprimé

Des notes de blog de Michel Barnier sur le RSA, la retraite ou l'assurance chômage, qui avaient été supprimées, sont exhumées par plusieurs internautes.

Michel Barnier lors de la passation de pouvoirs avec Gabriel Attal à Matignon, le 5 septembre 2024 (Photo by STEPHANE DE SAKUTIN / AFP)
Michel Barnier lors de la passation de pouvoirs avec Gabriel Attal à Matignon, le 5 septembre 2024 (Photo by STEPHANE DE SAKUTIN / AFP)

Internet a de la mémoire, et Michel Barnier s'en serait sans doute bien passé. Ces dernières années, Michel Barnier a enrichi son site web, "Michel-Barnier.fr" de plusieurs notes rédigées sur différents thèmes, pour partager sa vision des choses, essentiellement entre la campagne de la primaire LR en 2021, et la présidentielle de 2022.

Si le site du nouveau Premier ministre est aujourd'hui indisponible, Internet n'oublie pas. Un site propose de remonter le temps et de retrouver des pages Internet aujourd'hui disparues ou supprimées, en réalisant l'archivage à une certaine fréquence.

L'outil, baptisé Wayback Machine (machine à remonter le temps, ndlr) a été utilisé par des internautes qui ont donc exhumé certaines notes de blog aujourd'hui disparues et écrites par Michel Barnier, et l'interrogent sur son contenu.

Dans ces notes consultables ici qui datent de la période 2021-2022, soit la période entre la primaire de la droite et l'élection présidentielle, Michel Barnier, pêle-mêle, souhaite une bonne fête nationale aux Français, détaille différents déplacements, soutien Valérie Pécresse lors de la présidentielle 2022, mais aborde aussi des sujets plus politiques : le temps de travail, les retraites ou encore l'assurance chômage.

Dans une note intitulée "retrouver l'honneur du travail", il pointe du doigt les "coups de boutoir (...) portés au travail, de la surtaxation des salaires à l’instauration d’une véritable culture de l’assistanat", qu'il illustre avec la baisse du temps de travail à 35 heures hebdomadaires, "mais aussi les chimères d’un monde sans travail où chacun vivrait d’un revenu universel", des avancées qu'il qualifie de "pas seulement un boulet pour l’économie : ils sont antinomiques avec la culture française".

"Il est urgent de changer de modèle", plaide le désormais Premier ministre qui estime que "notre système social (...) doit inciter au travail". Il cible par exemple "le RSA et tant d’aides sociales", qui selon lui "enferment trop souvent au contraire dans une sorte de marginalité sociale", et propose la mise en place "d'une allocation unique qui rapporte toujours moins que le travail, qui aide et encourage à reprendre un travail", pour ceux que "la maladie, le handicap ou l’âge n’empêchent pas de travailler".

Une allocation sociale unique qui rappelle le projet de revenu universel d’activité du gouvernement d'Édouard Philippe qui prévoyait d’agglomérer au minimum le RSA, la prime d’activité, les APL, ainsi que l’allocation de solidarité spécifique (ASS) et l’allocation aux adultes handicapés (AAH). Un projet abandonné qui, selon un rapport France Stratégie, aurait pu conduire à une baisse de ressources pour 3,55 millions de familles modestes.

Dans le projet de Michel Barnier en 2021, l'allocation unique serait versée en contrepartie d'une disponibilité à temps plein pour "des activités utiles à la collectivité ou en entreprise, pour se former en vue de reprendre rapidement un emploi et accepter un travail là où il y a des emplois vacants".

Une idée qui n’est pas sans rappeler la réforme du RSA, expérimentée depuis le printemps 2023 dans une quarantaine de départements et qui doit être généralisée au 1er janvier 2025. Le versement de la prestation sera désormais conditionné à la réalisation de 15 heures d’activité par semaine permettant de se réorienter vers l’emploi.

L'assurance chômage est également ciblée par Michel Barnier dans cette note de 2021. "Les allocations doivent être systématiquement supprimées après deux refus d’offres d’emploi raisonnables. Je ne veux plus de passager clandestin dans notre système social", écrit-il, estimant selon lui que le système social "est fait pour protéger les Français, pas pour permettre à certains de vivre à ses crochets".

Une continuité avec les différentes réformes de l'assurance chômage d'Emmanuel Macron et sa volonté, annoncée en janvier dernier d'un acte Il de la réforme du marché du travail avec des règles plus sévères quand des offres d'emploi sont refusées, et un durcissement des contrôles de Pôle emploi pour les demandeurs d'emploi.

Depuis 2019, "en cas de deux refus d’offres raisonnables d’emploi sans motif légitime, vous pouvez faire l’objet d’une décision de radiation de la liste des demandeurs d’emploi ainsi que d’une suppression de votre allocation si vous êtes indemnisé(e)", précise France Travail. Si Élisabeth Borne a annoncé un renforcement des contrôles en 2021, la suspension n'est pas automatique comme le réclamait Michel Barnier.

Sur le temps de travail, Michel Barnier appelait à "augmenter le nombre d’heures travaillées pour créer davantage de richesses et reconquérir son rang" tant dans le public que dans le privé, et donc revenir sur les 35 heures de travail hebdomadaires instaurées en 2000. Une proposition faite par Marine Le Pen en 2017 soulignait France Inter, mais pas en 2022. Emmanuel Macron a martelé son refus de changer le temps de travail par la loi, privilégiant des accords de branche pour y déroger.

Autres propositions concernant le monde du travail l'ouverture de l'apprentissage dès 14 ans, une proposition qui était faite par Marine Le Pen lors de la présidentielle de 2022, détaillait Europe 1 et l'allongement de l'âge du départ légal à la retraite," inéluctable" selon lui, et qui "n’est pas une mauvaise nouvelle".

Michel Barnier estimait également, dans cette note de blog de 2021, qu'il fallait revaloriser le travail et notamment les "travailleurs dont l’activité est essentielle", en réduisant les cotisations sociales. Une proposition en écho à celle du président, qui déclarait pendant le confinement "qu'il nous faudra nous rappeler aussi que notre pays, aujourd’hui, tient tout entier sur des femmes et des hommes que nos économies reconnaissent et rémunèrent si mal". Si un rapport avait été commandé, il est resté sans suite, rappelle Le Monde, hormis des appels aux entreprises à augmenter les salaires.