Sur les retraites, Emmanuel Macron assure le service minimum avec les syndicats
Le chef de l’État a écrit aux syndicats qui lui demandent depuis plusieurs jours d’être reçus à l’Élysée.
POLITIQUE - Ils voulaient être reçus en urgence. Ils auront un courrier. Ce vendredi 10 mars, le chef de l’État a enfin répondu à la lettre envoyée par l’intersyndicale, qui demande depuis plusieurs jours un rendez-vous à l’Élysée pour évoquer et faire suite à la mobilisation massive contre la réforme des retraites.
Pas de rendez-vous sous les dorures du Palais donc, mais une réponse écrite, comme l’a évoqué en premier L’Opinion, avant que le courrier ne soit transmis à l’Agence France presse. Une missive dans laquelle le chef de l’État assure que « le gouvernement est à l’écoute » des syndicats, mais que la réforme reste nécessaire.
Une façon pour Emmanuel Macron d’assurer le service minimum, à l’heure où toutes les organisations fustigent son « mutisme » et son « mépris » à l’égard de la contestation de la rue. « Il ne peut pas se passer quelque chose comme ça dans le pays, et que celui qui est là pour rassembler les Français ne dise rien, se terre dans sa tanière de l’Élysée », a encore dénoncé ce vendredi sur BFMTV le leader de la CGT Philippe Martinez, considérant que le « silence » du chef de l’État pose un « problème démocratique ».
Une prise de parole fin mars ?
En utilisant d’autres termes, certains députés Renaissance ne disent pas autre chose, à en croire France inter, qui relate ce vendredi un rendez-vous entre le chef de l’État et plusieurs élus de la majorité au cours duquel beaucoup ont demandé au locataire de l’Élysée de prendre part à la bataille. En réponse, Emmanuel Macron aurait évoqué une prise une parole fin mars, soit une fois la séquence de la réforme des retraites terminée.
Du moins, si tout se passe bien. Comme nous l’expliquions ce jeudi, l’hypothèse d’un recours au 49-3 revient avec insistance, tant l’issue du vote final à l’Assemblée nationale paraît incertaine. Or, le recours à cet article controversé pourrait redonner du souffle à une contestation déjà très forte, et provoquer quelques dégâts politiques puisque le gouvernement pourrait faire les frais d’une motion de censure.
Quoi qu’il en soit, Emmanuel Macron ne semble pas disposer à en faire plus à l’égard des syndicats. Officiellement, il s’agit de ne pas contrevenir à la séparation des pouvoirs en parasitant le travail parlementaire, le texte étant actuellement à l’examen au Sénat. Le palais rappelait au HuffPost mercredi que le chef de l’État ne s’était pas dérobé, à Rungis ou au Salon de l’Agriculture, lorsque la question des retraites lui était posée.
Le « gouvernement est à l’écoute », mais...
Mais politiquement, Emmanuel Macron souhaite surtout ne pas donner l’impression que les syndicats reprennent la main dans la séquence, tout en évitant les procès en « mépris ». Ce qui explique l’option courrier choisie par le locataire de l’Élysée, à la veille d’une nouvelle journée de mobilisation contre le report de l’âge légal de départ à la retraite à 64 ans.
« Le gouvernement est, comme il l’a toujours été, à votre écoute pour avancer par le dialogue, trouver des solutions innovantes, sans transiger sur la nécessité de restaurer un équilibre durable de notre régime de retraite », répond ainsi le chef de l’État dans sa lettre envoyée à l’intersyndicale et datée de jeudi.
Sans donc donner suite aux demandes d’être reçus en urgence à l’Élysée. Suffisant pour apaiser la colère de la rue et faire taire les critiques des syndicats ? Rien n’est moins sûr.
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