La chambre haute a largement dit oui au projet de lois sur les retraites ce jeudi matin. La situation sera bien plus compliquée dans l'après-midi à l'Assemblée nationale et pourrait bien déboucher sur un 49.3.

Sans surprise. Le Sénat a voté dans sa très grande majorité en faveur de la réforme des retraites lors de la seconde lecture du projet de loi ce jeudi matin avec 193 voix pour, 114 contre et 38 abstentions.

Les sénateurs de droite qui disposent de la majorité avec les centristes soutiennent depuis plusieurs années la retraite à 64 ans dans le budget de la sécurité sociale. Autant dire que le gouvernement était en terrain conquis. L'exécutif a cependant veillé à donner des gages.

Des élus LR très favorables à la réforme

Olivier Dussopt avait accédé à plusieurs demandes des élus LR de la chambre haute comme celle sur une surcote pour les mères de famille - qui limite l'effet de la réforme sans l'annuler. La commission mixte paritaire, réunie ce mercredi, chargée d'aboutir à un texte commun entre les députés et les sénateurs, a également repris le CDI senior cher aux sénateurs.

Si cette disposition qui veut encourager les employeurs à embaucher des plus de 60 ans en échange d'une exonération des cotisations sociales avait été votée par les élus du Sénat, elle avait été jugée trop coûteuse par le gouvernement. Un accord a donc été passé pour permettre une expérimentation avec une clause de revoyure.

Sur la question des carrières longues qui avait beaucoup crispé Aurélien Pradié, le gouvernement a finalement consenti à limiter la durée de cotisation à 43 ans pour les salariés qui ont commencé à travailler à 17 et 20 ans. Pour les autres, ils devront bien cotiser 44 ans avant de pouvoir partir, voire parfois plus.

Le Sénat, "le toutou du gouvernement"

Les sénateurs avaient déjà largement soutenu le texte lors de son premier examen dans une ambiance électrique. Très agacés par la gauche qui avait longuement ferraillé sur les carrières longues et le recul de l'âge de départ à 64 ans, les sénateurs LR avaient activé l'article 38 du règlement intérieur du Sénat pour accélérer les débats.

Les écologistes avaient alors accusé la droite d'être "le toutou du gouvernement". Avant qu'Olivier Dussopt n'active la procédure du vote bloqué pour contraindre les sénateurs à se prononcer par un seul vote sur l'ensemble du projet de loi sur les retraites. Cette procédure, rarement utilisée, avait été vue par la gauche et les syndicats comme "un coup de force".

C'est désormais au tour de l'Assemblée nationale d'examiner en seconde lecture la réforme des retraites à 15 heures dans une atmosphère bien différente pour le gouvernement. Si l'exécutif explique toujours vouloir aller au vote et qu'Emmanuel Macron fait planer la menace d'une dissolution en cas de rejet des députés, le 49.3 est plus jamais dans toutes les têtes. D'après le compteur de BFMTV, seuls 222 députés sont prêts à voter pour la réforme, très loin des 287 voix nécessaires.

Article original publié sur BFMTV.com

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