Retraite à 64 ans: l'ex-ministre Marisol Touraine craint "un passeport pour le populisme d'extrême droite"

Un constat surprenant pour cette lieutenant d'Emmanuel Macron. Marisol Touraine, qui avait porté la précédente réforme des retraites sous François Hollande en 2013, a sévèrement tancé le recul de l'âge de départ à la retraite.

"Mon message, pour l’unité du pays, pour la cohésion nationale, c'est que nous avons besoin d’une loi qui rassemble, et pas d’une loi qui risque de se transformer en passeport pour le populisme d’extrême droite", juge ainsi l'ex-ministre des Affaires sociales ce lundi matin sur France inter.

"La première fois qu'une réforme ne met pas à contribution les entreprises"

Marisol Touraine avait été à la manœuvre pendant le quinquennat de François Hollande pour augmenter le nombre d'années de cotisations pour pouvoir partir à la retraite à taux plein.

La réforme défendue par Élisabeth Borne vise d'ailleurs à accélérer ce mécanisme. Alors que le passage à la durée de cotisation jusqu'à 43 annuités devait avoir lieu à l'horizon 2035, il aura lieu dès 2027.

Lors de la seconde investiture d'Emmanuel Macron au printemps dernier, Marisol Touraine était pourtant apparue très proche du président, n'hésitant pas à lui glisser à l'oreille et sous l'œil des caméras: "tu as les mains libres maintenant. Tu peux faire tout ce que tu veux".

"Ça doit être la première fois qu'une réforme des retraites ne met pas à contribution les entreprises", regrette encore l'ancienne ministre à la radio ce mardi.

"Travailler plus" mais pas "pour tout le monde"

Le gouvernement a écarté toute contribution des employeurs, souhaitant ne "pas alourdir le coût du travail en France". La Nupes appelle de son côté à mettre fin aux exonérations de cotisations patronales sur les heures supplémentaires qui représentent 2 milliards d'euros en 2023, le même montant que le déficit de la caisse nationale de l'assurance retraite.

"Ma réforme (des retraites) à l'époque reposait sur un ensemble de mesures cohérentes: le moteur, c'était qu'il fallait travailler plus, mais que tout le monde ne pouvait pas travailler plus", a également avancé Marisol Touraine.

La critique est d'autant plus dure à encaisser pour l'exécutif qu'il est en train de perdre la bataille de l'opinion, à la veille d'une nouvelle journée de mobilisation. 72% des Français sont contre le recul de l'âge de départ à la retraite, un chiffre en nette hausse d'après un sondage Elabe pour BFMTV.

La question de la pénibilité et celle des carrières longues cristallisent les inquiétudes. Certains Français ayant commencé à travailler entre 16 et 20 ans pourraient devoir travailler pendant 44 ans pour bénéficier d'une retraite anticipée à taux plein, contre 43 ans aujourd'hui.

Article original publié sur BFMTV.com