Retour à l'envoyeur : l’édifiante odyssée d’une cargaison de déchets soupçonnée d'être dangereuse

Début juillet 2024, sous la chaleur accablante du port de Dürres, en Albanie, 102 conteneurs prennent la mer, direction la Thaïlande. Remplis, selon les papiers officiels, de déchets industriels, ils doivent y être recyclés ou détruits loin d'Europe. Des semaines plus tard, ils sont de retour, et personne ne veut de cette cargaison soupçonnée d’être toxique.

Tout commence à Elbasan, dans le centre du pays. La ville sidérurgique produit des tonnes de déchets qui sont fréquemment envoyés ailleurs - un business mondial, qui voit de nombreux pays occidentaux sous-traiter la gestion de leurs déchets en Asie ou en Afrique.

Le commerce de déchets représente entre 44 et 70 milliards d'euros par an

Régulièrement dénoncé par les ONG de défense de l'environnement, le commerce de déchets représente entre 44 et 70 milliards d'euros par an selon les estimations. Pour sa partie illégale, les montants vont de 9 à 11 milliards par an selon le Groupe d'action financière (GAFI), organisme intergouvernemental de lutte contre le blanchiment d'argent et le financement du terrorisme.

Le port de Durrës en Albanie le 20 août 2024 (AFP/Archives - Adnan BECI)
Le port de Durrës en Albanie le 20 août 2024 (AFP/Archives - Adnan BECI)

Parmi ces milliards de tonnes se trouvent des déchets dangereux

A travers la planète, chaque année, deux milliards de tonnes de déchets sont produits. Un chiffre qui devrait passer à 3,4 milliards d'ici 2050, selon la Banque mondiale.

Parmi ces milliards de tonnes se trouvent des déchets dangereux : ce sont tous ceux qui peuvent s'avérer nocifs pour la santé humaine ou l'environnement en raison notamment de leur réactivité chimique ou de leur toxicité.

Pour réglementer leur traitement, une convention existe, celle de Bâle, signée en 1989 par 53 pays. Elle empêche entre autres tout pays membre de l'OCDE d'envoyer ses déchets dans un pays non-membre.

Or l'Albanie n'est pas membre de l'OCDE, et ses ports, comme celui de Dürres, peuvent expédier les déchets européens n'importe où.

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Achat d'oxyde de fer

En ce début d'été 2024, la société Sokolaj achète entre 800 et 1.000 tonnes de déchets à une entreprise d'Elbasan — Kurum international, selon les médias albanais. Sokolaj revend immédiatement les déchets à sa filiale en Croatie, GS Minerals.

Sokolaj et GS Minerals — qui ont refusé de parler à l'AFP — af[...]

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