«On restera tant qu’on ne sera pas attaqués»

A N’Gouboua, au Tchad, des Nigérians sont transférés le 11 février vers Dar-es-Salam. Deux jours plus tard, N’Gouboua était attaqué et incendié par Boko Haram.

D’après le HCR, 17 000 Nigérians se sont déjà réfugiés au Tchad, dont 3 600 au camp de Dar-es-Salam. Parmi eux, Alhadji Haoudou et une partie de sa famille.

Son poignet est inerte, deux plaies suintent. Alhadji Haoudou, 16 ans, ajuste un sac en équilibre sur son épaule et s’extrait d’une pirogue surchargée. Plus de 80 Nigérians foulent la plage du bourg tchadien de Baga Sola, après des semaines de fuite sur le lac Tchad. Cette embarcation est l’une des dernières affrétées par les autorités tchadiennes et le Haut Commissariat des Nations unies pour les réfugiés (HCR) pour rapatrier les 7 000 naufragés disséminés sur des dizaines d’îlots. Ces Nigérians avaient dû braver le quatrième plus grand lac d’Afrique après l’attaque, le 3 janvier, de Boko Haram qui avait ravagé une douzaine de villages et s’était emparé de la ville stratégique de Baga, située sur la rive occidentale du lac.

Aussitôt débarqué sur le sable côté tchadien, Alhadji est fouillé. Les autorités veillent, inquiètes de possibles infiltrations de combattants. Et rejoint sa famille. Sur les dix membres à fuir, sept sont arrivés. Un camion va les transporter sur le site de Dar-es-Salam, à 13 kilomètres de là. Le moteur s’ébranle, une étendue aride parsemée d’acacias se dévoile.

La région, d’une pauvreté extrême, est à neuf heures de piste de la capitale. La sécurité semble y régner. Des tentes blanches apparaissent. Une foule attend les nouveaux arrivants. La déception se lit sur le visage de certains marmots. Plus de 150 orphelins ou enfants séparés de leurs parents vivent sur ce site. Alhadji et les siens se dirigent vers des abris partagés. C’est ici qu’ils passeront leur première nuit à Dar-es-Salam.

Ligoté. Dès le lendemain, Alhadji est capable d’évoquer ce qu’Amnesty International considère comme «la plus destructrice attaque» jamais perpétrée par Boko Haram. Installé à l’ombre de l’abri que le HCR vient d’attribuer à sa famille, il se remémore : «Les combattants ont déferlé tôt le matin, ils tiraient (...) Lire la suite sur Liberation.fr

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