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Restaurer la confiance

L'éditorial de Dominique Leglu est extrait du magazine Sciences et Avenir - La Recherche 889, daté mars 2021. Il est disponible en kiosque et en version numérique.

Elle a été très vite taxée d’« infodémie » par l’Organisation mondiale de la santé. Une maladie de l’information en temps de pandémie. Boursouflée, l’« infobésité », trop-plein d’infos sur le Covid-19, est impossible à digérer sainement. Pendant ce temps, galopent les fausses nouvelles ou rumeurs qu’on appelait jadis « canards ». Rebaptisées #fakenews, elles voyagent en mode TGV sur les réseaux sociaux, gobées bien plus vite que toute info sérieuse et sourcée. Les mathématiciens modélisateurs des réseaux savent mesurer le phénomène et les psycho-sociologues l’expliquer. Alors, que croire ? Et à qui faire confiance pour démêler le vrai du faux ?

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La science — la méthode scientifique, la confiance accordée aux seuls faits scientifiquement prouvés — demeure pour la plupart d'entre nous un bien inestimable. C’est elle qui permet de lutter vraiment contre la pandémie. Dès le 10 janvier 2020, le séquençage en laboratoire du génome du virus SARS-CoV-2 était réalisé. Une connaissance fondamentale immédiatement partagée dans le monde entier. Ce qui a permis de lancer aussitôt la conception de vaccins, obtenus moins d’un an après, dont les très novateurs « à ARNmessager ». Une victoire historique.

Mais le problème est autre. C’est celui vécu par les scientifiques eux-mêmes, dont la parole s’est brouillée. En France, et aussi aux États-Unis, ont éclaté au grand jour d’interminables polémiques sur l’utilisation de l’hydroxychloroquine comme traitement, l’usage des masques et autres billevesées sur des sujets pourtant sérieux… La sphère académique s’est débattue avec sa propre infobésité : 75.000 articles spécialisés écrits depuis les débuts de la pandémie dont certains, publiés trop vite, ont dû être rétractés. Le soupçon a grandi sur le désintéressement des scientifiques, la démarche menée pour le bien de l’humanité, apanage habituel de la recherche fondamentale. Fini, le sacerdoce ? Hors les controverses sur les plateaux de télévision ou dans les stud[...]

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