Ces requins ont eu des bébés seules et les chercheurs ne s’en réjouissent pas

Un rapport fait état de la première naissance sans fécondation d’un bébé requin d’une espèce menacée,  le Mustelus mustelus. (Photo d’illustration)
CreativeNature_nl / Getty Images/iStockphoto Un rapport fait état de la première naissance sans fécondation d’un bébé requin d’une espèce menacée, le Mustelus mustelus. (Photo d’illustration)

SCIENCE - Une stratégie de reproduction pour survivre ? Une étude menée par des chercheurs italiens et publiée le 26 juillet dans la revue scientifique Nature, fait état de la première naissance par parthénogenèse, c’est-à-dire sans fécondation, d’un bébé-requin d’une espèce menacée, le Mustelus mustelus ou requin-lévrier commun.

La parthénogenèse observée chez ce squale classé en voie de disparition par l’Union internationale pour la conservation de la nature est dite « facultative ». Ce terme signifie que la femelle requin-lévrier commun est à la fois capable de se reproduire avec un mâle, mais également de donner la vie seule, sans être fécondée.

Nouveaux jeunes pratiquement chaque année

Dans le détail, les chercheurs de plusieurs instituts spécialisés du Piémont, de la Ligurie et du Val d’Aoste ont constaté chez deux requins femelles Mustelus mustelus, âgées de 18 ans et vivant depuis 2010 dans un énorme aquarium en Sardaigne, une parthénogenèse chaque année depuis 2020.

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Une production quasi annuelle de jeunes a ainsi été observée en l’absence de mâles. Trois naissances ont eu lieu en 2020, 2021 et 2023, mais un seul spécimen, celui né en 2021, est encore en vie aujourd’hui.

« Il est remarquable que cette découverte révèle que la parthénogenèse peut se produire chaque année chez ces requins, en alternance entre deux femelles, et exclut de manière concluante le stockage à long terme du sperme comme cause », soulignent les scientifiques.

Un comportement causé par la diminution des mâles ?

Si cette découverte semble positive sur le papier pour le maintien de l’espèce, la parthénogenèse chez les espèces menacées « peut conduire à une réduction de la diversité génétique, exacerbant les défis auxquels sont confrontés les requins face aux pressions de la pêche et aux longues périodes de gestation », mettent en garde les chercheurs. Selon des estimations citées par ce rapport, « sa population pourrait diminuer de jusqu’à 50 % au cours des prochaines décennies ».

Certains reptiles et requins ou raies « peuvent modifier leur stratégie adaptative » de reproduction « en fonction des circonstances environnantes », souligne encore le rapport. « Bien que les mécanismes à l’origine de la parthénogenèse restent flous, il est suggéré que la réduction de la population de mâles pourrait être un facteur déterminant », estiment les chercheurs.

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Ils relèvent par ailleurs la difficulté de comprendre la parthénogenèse des requins en liberté, soulignant que l’étude sur le long terme de ceux en captivité est la solution idéale.

Des aquariums aux États-Unis, aux Émirats arabes unis et en Australie ont documenté le phénomène chez d’autres espèces de requins au cours des deux dernières décennies.

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