Des requins sous coke au large du Brésil
C’était le scénario d’un film d’horreur à petit budget.
Dans Cocaine Shark, sorti en janvier 2023, un baron de la drogue s’adonne à des expériences sur des créatures marines.
Mais une explosion dans le laboratoire secret où il officie libère dans les rues une armée de requins mutants et assoiffés de sang, dopés par un puissant stimulant.
La réalité rattrape parfois la fiction. À Rio, treize requins ont récemment été testés positifs à la cocaïne. De Science au Guardian, la presse étrangère fait le point.
L’exposition de la faune à la cocaïne suscite beaucoup de fantasmes. Et les scientifiques ont aujourd’hui la preuve que le trafic de drogue n’est pas sans conséquences pour la vie marine.
“Treize requins à museau pointu prélevés dans les eaux côtières près de Rio de Janeiro présentaient des traces de drogue dans leurs muscles et leur foie”, rapporte la revue scientifique américaine Science.
“Il y a de vrais requins qui prennent de la vraie cocaïne dans l’océan Atlantique.”
Le quotidien britannique “The Guardian”
Contrairement aux spécimens représentés dans Cocaine Shark, les requins à museau pointu qui ont subi les tests ne mesurent que 52 centimètres de long. Et pèsent un peu moins d’un kilo.
Les treize poissons examinés se sont révélés positifs aux tests de cocaïne pratiqués sur leurs tissus musculaires et hépatiques.
“Les concentrations étaient jusqu’à cent fois supérieures à celles précédemment rapportées pour d’autres créatures aquatiques”, souligne Science.
“C’est la preuve du danger croissant de la pollution par la cocaïne”, déplore auprès de Science Anna Capaldo, endocrinologue et experte en pollution environnementale à l’université de Naples Frédéric II.
Conséquences de cette exposition à la poudre blanche ?
Des perturbations hormonales importantes, mais aussi une “fragmentation de l’ADN et une mort cellulaire chez les embryons de poissons-zèbres”, énumère Science.
Selon une étude citée par The Guardian, des niveaux élevés de résidus de cocaïne provoqueraient des “effets toxicologiques graves” chez des animaux tels que les moules brunes, les huîtres et les anguilles dans la baie de Santos, dans l’État brésilien de São Paulo.