Le requin à tête de pelle, nouveau venu dans la famille des requins-marteaux

Un spécimen de requin-marteau à tête de pelle.

Dans les eaux peu profondes des Caraïbes et du sud-ouest de l'Atlantique, une nouvelle espèce de requin-marteau a été découverte. Une rencontre scientifique inédite qui souligne une fois de plus l’incroyable, mais fragile, biodiversité de nos océans.

Les pêcheurs les avaient surnommés "requins à capuches". Mais pour eux, il s'agissait de "simples" requins-marteaux. Une étude scientifique dirigée par la biologiste marine Cindy Gonzalez (Université Internationale de Floride, Miami) montre qu'il existe une espèce de requin-marteau jusqu'alors jamais identifiée, et dont la tête n'a pas la forme en "T" caractéristique de ces squales : elle évoque plutôt... une pelle.

Ces poissons ont été identifiés via des remontées de filets dans la région des Caraïbes, du Mexique et du sud-ouest de l'Atlantique : Cindy Gonzalez travaille en effet avec des pêcheurs locaux, en embarquant avec eux sur les bateaux ou en les attendant au port. "Quand j'ai commencé à échantillonner au Panama en 2015, je trouvais de plus en plus de requins qui n'étaient pas des requins-marteaux classiques", explique la Colombienne à Sciences et Avenir. Mais y avait-il de quoi signaler une nouvelle espèce spécifique ?

Selon la littérature scientifique d'il y a dix ans, la réponse était non. Même si certains indices laissaient présager une possible découverte : "Un chercheur au Belize avait été mis sur la voie en 2012, reprend Cindy Gonzalez. Un autre expert en génétique avait également découvert, par hasard, deux spécimens de ces requins en échantillonnant des marchés aux poissons à Tobago. Lorsqu'il a analysé leur ADN, il a remarqué quelque chose d'étrange, mais à l'époque, sans aucune certitude. Ce phénomène demeurait aléatoire."

La taxonomie intégrative a permis d'identifier cette espèce de requin-marteau à tête de pelle

La bonne idée de Cindy Gonzalez et de ses collègues a été de croiser deux approches : associer l'analyse morphologique de ces requins à celle de leur ADN. “La taxonomie classique décrit les espèces en se basant uniquement sur leurs caractéristiques physiques, explique le chercheur français Bautisse Postaire, de l'Université du Québec en Outaouais, co-signataire de l'étude. Aujourd'hui, nous utilisons une approche appelée « taxonomie int[...]

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