Reportage. Vivre dans un Beyrouth appauvri

Beyrouth sombre chaque jour davantage dans la pauvreté, et ses habitants vivent dans une insécurité économique de plus en plus anxiogène. Les plus âgés se réfugient dans les souvenirs des belles années, comme le décrivait L’Orient-Le Jour, quelques jours avant l’énorme explosion du 4 août.

Nous sommes à Ras Beyrouth [Beyrouth-Ouest, jadis le quartier cosmopolite de la ville]. Fatima vient d’entrer dans une épicerie comme on n’en fait plus. Ici on trouve, sur une toute petite surface, des conserves, des pâtes, du chocolat, des friandises, des produits laitiers, des mouchoirs, du savon, du shampoing, de la colle, du tabac, des cigarettes, du charbon pour narguilé… Bref, on trouve tout chez tonton Farid, aujourd’hui âgé de 73 ans.

Les plus âgés du quartier se souviennent de lui alors qu’il était en culottes courtes et qu’il venait aider son père. “Cette épicerie date de 1955. Elle appartenait à mon père. Moi, je l’ai prise en charge il y a quarante ans”, raconte Farid, cheveux blancs et regard triste.

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Ici, de nombreuses personnes du quartier ont une ardoise, elles paient à la fin du mois. Farid Himo connaît chaque client. Les impayés, chacun surmonté d’un nom, il les note dans un cahier ou sur un bout de carton blanc, reste d’une cartouche vide de cigarettes. “À la fin du mois, je fais chaque calcul à plusieurs reprises, parfois il y a des erreurs, soit je rembourse mes clients, soit ils me remboursent… C’est une question de confiance”, dit-il avec un fort accent beyrouthin.

Des larmes

Mais Farid Himo et beaucoup d’autres habitants de la ville tiennent encore à préserver ce qui reste – ne serait-ce qu’à travers leurs interactions quotidiennes – de ce qui faisait la douceur de vivre à Beyrouth. Pour lui, les choses sont claires : “Il n’y a pas plus beau que Ras Beyrouth… Dans le monde entier”, poursuit ce catholique syriaque.

“Durant la guerre, je n’ai jamais fermé boutique, j’ai été protégé par mes voisins, je n’ai jamais été poussé

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