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Repli des actions, géopolitique et économie incitent à la prudence

par Marc Angrand

PARIS (Reuters) - Les principales Bourses européennes évoluent en légère baisse en début de séance mercredi et abandonnent une partie de leurs gains de la veille, la prudence reprenant le dessus en l'absence de nouveaux signes tangibles d'apaisement des tensions commerciales entre les Etats-Unis et la Chine et dans l'attente des chiffres mensuels de l'inflation aux Etats-Unis, puis du compte rendu de la dernière réunion de la Réserve fédérale.

À Paris, le CAC 40 perd 0,25% à 5.294,29 points après plus d'une heure d'échanges. À Francfort, le Dax cède 0,44% et à Londres, le FTSE 100 recule de 0,23%. L'indice paneuropéen FTSEurofirst 300 est en baisse de 0,34%, l'EuroStoxx 50 de la zone euro de 0,3% et le Stoxx 600 de 0,27%.

Wall Street a fini en nette hausse mardi (le Dow Jones a gagné 1,79% et le Standard & Poor's 500 1,67%), saluant entre autres le discours jugé rassurant du président chinois, Xi Jinping, sur le commerce international et l'ouverture économique et le déroulement jugé rassurant de l'audition de Mark Zuckerberg, le PDG de Facebook au Congrès. Le titre Facebook a fini en hausse de 4,5%, sa meilleure performance depuis près de deux ans.

Mais en Asie, si les marchés chinois ont fini en hausse, la Bourse de Tokyo a perdu 0,49% et celle de Séoul 0,27%.

Le ton conciliant choisi par Xi Jinping pour le discours qu'il a prononcé mardi au Forum pour l'Asie de Boao a suffi à redonner confiance aux investisseurs mais ceux-ci attendent désormais de nouvelles avancées concrètes et, dans l'intervalle, se tournent vers d'autres sujets de préoccupation, géopolitique ou macroéconomiques.

L'évolution de la situation en Syrie incite ainsi à la prudence, puisque les déclarations des pays occidentaux, Etats-Unis, France et Grande-Bretagne en tête, suggèrent que des frappes visant le régime de Damas pourraient avoir lieu dans les tout prochains jours après l'attaque présumée aux armes chimiques de samedi à Douma, en dépit de l'opposition de la Russie, soutien de Bachar al Assad et présente militairement sur le sol syrien.

L'EURO AU PLUS HAUT DEPUIS DEUX SEMAINES FACE AU DOLLAR

Cette poussée de tension au Moyen-Orient a contribué mardi à la hausse des cours du pétrole: le prix du baril de Brent a atteint son plus haut niveau depuis fin 2014 à 71,34 dollars et malgré des prises de profit mercredi, il reste proche du seuil des 71 dollars. Le brut léger américain (West Texas Intermediate, WTI) se traite quant à lui toujours au-dessus de 65 dollars.

Parallèlement, les marchés attendent les chiffres mensuels des prix à la consommation aux Etats-Unis à 12h30 GMT puis, à 18h00 GMT, le compte rendu de la dernière réunion de politique monétaire de la Réserve fédérale, deux facteurs susceptibles de relancer le débat sur la possibilité d'une quatrième hausse de taux cette année, en plus des trois prévues initialement par la banque centrale.

Rappelant que huit responsables de la Fed prévoient un taux des "fed funds" égal ou inférieur à la médiane des projections (2,125%) et sept autres au-dessus, les économistes de la Société générale s'attendent à ce que "ceux qui se situent dans le camp d'une quatrième hausse mentionnent l'effet dopant de la politique budgétaire en période de plein emploi comme une justification à une quatrième hausse cette année", en plus de la vigueur de la croissance mondiale et de l'accélération temporaire de l'inflation.

Sur le marché des changes, le dollar s'oriente pour l'instant vers une quatrième séance de baisse face aux autres grandes devises et l'euro se traite autour de 1,2375 dollar, au plus haut depuis deux semaines.

La monnaie unique reste en effet orientée à la hausse en dépit de la mise au point apportée par la Banque centrale européenne (BCE) après les déclarations à Reuters d'Ewald Nowotny, l'un des membres de son Conseil des gouverneurs, évoquant la possibilité d'une hausse du taux de dépôt pour amorcer le resserrement de la politique monétaire.

Du côté des emprunts d'Etat, le rendement du Bund allemand à dix ans est quasi stable à 0,514% et son équivalent américain évolue juste en dessous de la barre de 2,80%.

DEUTSCHE TELEKOM ET TESCO SE DISTINGUENT

Au valeurs en Europe, deux secteurs restent à l'abri du repli général: celui de la distribution (+0,79%), dopé par la hausse de 5,52% du britannique Tesco après ses résultats annuels meilleurs qu'attendu et celui des télécommunications (+0,87%), tiré par le bond de 3,98% de Deutsche Telekom.

Le groupe allemand profite des informations sur la reprise des discussions entre sa filiale américaine, T-Mobile US et Sprint en vue d'une fusion.

A l'opposé, le compartiment agroalimentaire cède 0,79% avec le repli de 3,05% de Rémy Cointreau, pénalisé par l'abaissement de la recommandation de JPMorgan à "neutre".

A Paris, Air France-KLM rebondit de 3,34% après les propositions de hausse des salaires présentées mardi soir par la direction, qui alimentent l'espoir d'une sortie du conflit social en cours. Le groupe a par ailleurs démenti tout intérêt pour Alitalia, sur laquelle Lufthansa (+0,45%) et EasyJet (-0,34%) pourraient faire une offre.

(Édité par Blandine Hénault)