Le repas serait le pire moment pour exposer vos enfants aux écrans, selon une étude

Des chercheurs français prouvent une relation négative entre l’exposition à la télévision pendant les repas familiaux et le développement précoce du langage.

Si le temps d'écran est important, le contexte représente également un facteur à prendre en compte. (Getty Images)

Les écrans, c'est pas avant trois ans. Une étude menée par des chercheurs français a voulu déterminer dans quelle mesure l’exposition excessive aux écrans pouvait influencer le développement cognitif de l’enfant. Cette vaste enquête a été menée auprès de 14 000 enfants de la cohorte française Elfe de leurs 2 ans à leurs 5 ans et demi.

"Si comme d’autres avant elle, cette nouvelle étude montre une relation négative entre le temps d’exposition et le développement, elle met aussi en évidence que cette relation n’est pas vraie pour tous les domaines de la cognition et qu’elle est beaucoup plus faible lorsque le cadre de vie familial est correctement pris en compte", résume le communiqué de l'Inserm. Les résultats de cette vaste étude confirment une association défavorable entre la prise des repas devant la télévision et le développement précoce du langage. Ces travaux ont été publiés dans The Journal of Child Psychology and Psychiatry.

Dans le cadre de cette étude, les parents ont indiqué le temps d'écran quotidien des enfants et si la télévision était allumée pendant les repas. Plusieurs domaines cognitifs ont été évalués : développement du langage à 2 ans, raisonnement non verbal à 3,5 ans et développement cognitif global à 3,5 et 5,5 ans.

Pas d'écran à table

Quels résultats ? Cette étude montre que "indépendamment du temps d’exposition, avoir la télévision allumée pendant les repas en famille à l’âge de 2 ans (ce qui concernait 41 % des enfants) était associé à de moins bons scores de développement du langage au même âge. Ces enfants présentaient également un moins bon développement cognitif global à 3 ans et demi", détaille l'Inserm.

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"Cela pourrait s’expliquer par le fait que la télévision, en captant l’attention des membres de la famille, interfère avec la qualité et la quantité des interactions entre les parents et l’enfant. Or, celle-ci est cruciale à cet âge pour l’acquisition du langage", explique Shuai Yang, doctorant et premier auteur de l’étude. Et de poursuivre : "De plus, la télévision ajoute un fond sonore qui, lorsqu’il se superpose aux discussions familiales, va rendre difficile le déchiffrage des sons pour l’enfant et limiter la compréhension et l’expression verbales".

Si le temps d'écran est important, le contexte représente également un facteur important. "Si nos résultats suggèrent que les effets délétères de l’utilisation des écrans dans la petite enfance présentent un faible impact sur le développement cognitif au niveau individuel et peuvent être compensés dans les années suivantes, ils justifient cependant de rester vigilants à l’échelle de la population", assure le chercheur de l'Inserm, Jonathan Bernard.

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