Rentrée scolaire : ces parents d’élèves l’ont constaté, il n’y avait pas « un prof devant chaque classe »
ÉDUCATION - « Un professeur devant chaque classe dès la rentrée », c’était l’engagement d’Emmanuel Macron et de Gabriel Attal pour cette reprise scolaire. Mais en pleine crise d’attractivité de la profession, 3 100 postes d’enseignants dans le public n’étaient pas pourvus au mois de juillet selon.
« Pacte enseignant », recours à des contractuels, recrutements en dehors des réseaux habituels… Aussi bien les méthodes de débrouille des établissements que les propositions du gouvernement semblent insuffisantes et en cette semaine de rentrée pour 12 millions d’élèves en France, bien des postes étaient encore vacants. Entre inquiétudes et frustration, plusieurs parents d’élèves ont répondu à notre appel à témoignage pour nous parler de la rentrée sans profs de leurs enfants.
Des manques de l’école primaire à la terminale
Les collèges et les lycées ne sont pas les seuls établissements à connaître des difficultés de recrutement. Dans les écoles primaires, certains élèves n’ont à date pas encore rencontré leur maître ou maîtresse. C’est le cas de l’enfant d’Aurélie, qui vient d’entrer en CE2 dans une ville de la métropole lyonnaise.
« Depuis le 4 septembre, c’est une conseillère pédagogique qui est face aux enfants en classe, raconte-t-elle. En effet, le poste de professeur des écoles pour la classe de mon fils, qui est aussi celui de directeur d’école, n’a pas été pourvu à temps ». Un remplacement est prévu dans les jours à venir, mais sa pérennité est incertaine.
Au collège, plusieurs parents témoignent aussi d’un emploi du temps à trous pour leurs enfants. Dimitri, père d’un élève de 5e dans le Lot, voit ainsi les heures de français de son fils être remplacées jusqu’à nouvel ordre par des heures d’études. « Il m’a appris qu’il n’avait pas de prof de français pour l’instant, explique-t-il. Je sais que la direction se démène depuis juin pour trouver une solution, mais pour le moment, aucune date de reprise n’est indiquée. » Il attend la réunion de début d’année pour partager son incompréhension avec l’administration du collège.
Le fils de Denis, scolarisé en 6e en Gironde, n’a quant à lui pas de prof de physique-chimie. « Cette première semaine, le poste n’était toujours pas pourvu », déplore-t-il. Dans le collège normand de la fille d’Anne, c’est une place de prof d’EPS qui reste vacante. « Après un départ à la retraite en juin, le poste de professeur d’EPS n’a pas été affecté pour cette rentrée. C’est ma fille qui nous l’a signalé et il y avait bien un blanc sur les pages de son emploi du temps. »
Mathématiques, histoire géographie, anglais...
Dans les lycées également, on manque de profs. « Ma fille est rentrée en 2nde dans un lycée qui se vante d’être à vocation scientifique et elle n’a pas de professeur de mathématiques, détaille Virginie par mail. 4 heures de cours ont déjà sauté ». Une autre mère de lycéens, Lucile, constate pour ses enfants un emploi du temps allégé des heures d’histoire-géo : le poste est pourvu mais sa titulaire est en congé maternité jusqu’en novembre. D’après Lucile, ses enfants devront « patienter jusqu’à son retour ».
Chez celles et ceux dont les enfants passent un diplôme en fin d’année, l’anxiété est plus marquée. « Mon aîné est en terminale et il n’a pas de prof d’anglais pour l’instant. Quid du contrôle continu pour le bac ? s’interroge Bruno. Quant à mon cadet, en troisième, il n’a pas eu de remplacement de prof de français. Le brevet approche… »
Peu convaincu par les déclarations du gouvernement qu’il considère comme des « écrans de fumée », il pallie ces manques en achetant des livres à ses enfants et en « mettant une casquette de prof la plupart des soirs ». D’autres, comme Virginie, envisagent les cours particuliers. « On a les moyens, ça ne nous posera pas de problème mais ça creuse inévitablement les inégalités avec ceux qui n’ont pas cette chance… »
Pour le SNES-FSU, il est indispensable d’améliorer les conditions de travail
Ces constats parentaux sont partagés par le personnel d’éducation. Pour Sophie Vénétitay, secrétaire générale du syndicat national des enseignants de second degré (SNES-FSU), il était assez prévisible que la promesse du ministère de l’éducation nationale ne soit pas tenue. « Nous étions perplexes devant les annonces de Gabriel Attal et la réalité qui nous a été remontée par nos collègues est venue confirmer nos analyses : nous constatons qu’il n’y avait pas un professeur devant chaque classe à la rentrée. »
Décrivant une vraie pénurie d’enseignants, elle rappelle : « Ça fait des années que ça dure. Il faut que tout le monde prenne conscience qu’on parle de l’avenir de nos enfants, de celui du pays, et qu’on en arrive à recruter des professeurs sur Facebook ».
Pour le syndicat, les choses sont claires : « Il faut améliorer nos conditions de travail, et augmenter les salaires des enseignants de manière significative. Cela permettra d’améliorer la situation des professeurs déjà en poste, et d’attirer de nouveaux candidats ».
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