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Rengaine

C’est la même pièce française, désespérément lassante, qui s’est encore jouée lors du second tour des municipales. Sitôt les résultats connus, les politiques présents sur les plateaux de télévision se sont écharpés à grands coups de totems qui sonnent creux - «pacte républicain», «justice sociale» - alors que les journalistes, reniflant les ambitions des uns et des autres comme de la venaison, attisaient avec gourmandise les jeux d’ego «alors ce remaniement ?». Sauf que les Français ont quitté le théâtre depuis longtemps, lassés de la représentation. Comment leur en vouloir ?

Les phrases des politiques sont taillées par les orfèvres de la communication dans le meilleur bois. Leur origine sociale, leur parcours, leur «francité» sont les mêmes. Quand bien sûr, ils n’ont pas le même âge antédiluvien. Jean-Claude Gaudin est réélu à Marseille, alors que Laurent Fabius et Alain Juppé incarnent, paraît-il, l’avenir à gauche comme à droite. Et ce malgré les scandales, les condamnations judiciaires, les répudiations qui glissent sur leur cuir d’immortels comme la pluie sur les plumes d’un canard. On est en France, après tout, cette république bananière au climat tempéré. Alors, oui, forcément, le parti de l’abstention voit ses rangs grossir. En ne votant pas, en exprimant le désir temporaire de ne plus faire peuple, il espère mettre un terme à cette mauvaise comédie. Le Front national prospère, lui, parce que les haines recuites - le vote FN reste avant tout un vote ethnique, blanc, anti-arabe et anti-islam - sont les derniers repères lorsque le verbe, l’aventure, le rêve font défaut. Alors que faire ?

Changer d’abord les acteurs, par la norme si nécessaire. Les partis pourraient être obligés de puiser dans la diversité française, sociale comme ethnique, en proposant des candidats qui en sont issus dans des circonscriptions gagnables. Il est dramatique que la population française d’origine africaine ou maghrébine soit si mal représentée. Hâter ensuite le renouvellement des (...)

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