Le renforcement des contrôles aux frontières allemandes ne passe pas
Selon la ministre allemande de l'intérieur, Nancy Faeser, cette mesure, qui renforce les contrôles déjà en place à certaines frontières, vise à freiner l'immigration irrégulière, à se protéger contre la menace de groupes islamistes, mais aussi de la criminalité transfrontalière.
Le Premier ministre polonais, Donald Tusk, a déclaré que cette mesure était inacceptable, et que cette décision signifiait la suspension de la zone Schengen à grande échelle.
"Nous demanderons dans les prochaines heures aux autres pays qui seront affectés par ces décisions de Berlin de se concerter d'urgence sur l'action à mener au sein de l'Union européenne sur cette question."
Le ministre autrichien de l'Intérieur, Gerhard Karner, s'est montré intraitable et a déclaré que la décision de l'Allemagne était illégale, et que l'Autriche n'accepterait pas les migrants rejetés par l'Allemagne à ses frontières.
Toutefois, il a ajouté qu'il se félicitait que son voisin s'attaque frontalement à l'immigration clandestine en Europe, qu'il a qualifié de problème majeur pour l'Europe.
"Il est inacceptable que des choses illégales se produisent. Nous vivons dans un État de droit et si l'Allemagne planifie cela, c'est qu'il s'agit d'un acte illégal. Par conséquent, nous n'accepterons personne, nous ne reprendrons personne. Il n'y a aucune marge de manœuvre." a-t-il déclaré.
La zone Schengen de l'Europe permet de voyager sans passeport entre les pays membres, mais les États membres sont autorisés à introduire des contrôles aux frontières s'ils estiment qu'il existe une menace pour l'ordre public ou la sécurité intérieure.
Quelles conséquences à court et long terme ?
Avec ces contrôles aux frontières, la libre circulation dans l'Espace Schengen est potentiellement remise en question. Beaucoup craignent que l'Allemagne ait ouvert la boite de Pandore, incitant à l'avenir certains pays à lui emboiter le pas pour des raisons similaires.
D'autre part cette décision pourrait avoir des conséquences économiques, en particulier sur la circulation des poids lourds et des marchandises, entre les différents pays européens qui traversent l'Allemagne.
Enfin la Deutsche Bahn, principal opérateur ferroviaire allemand, gère les trains régionaux et internationaux a affirmé qu'en juin, près de la moitié de ses trains longue distance ont accusé du retard, en partie à cause des conditions météo extrêmes. Les contrôles aux frontières qui vont bientôt s'ajouter pourraient aggraver la situation.