Rencontre de Vladimir Poutine et Kim Jong-un : que sait-on de leurs discussions ?

Kim Jong-un s’est rendu ce mercredi 13 septembre au cosmodrome de Vostochny, en Russie, pour rencontrer Vladimir Poutine.
VLADIMIR SMIRNOV / AFP

INTERNATIONAL - Pour son premier voyage hors de son pays depuis quatre ans, Kim Jong-un s’est rendu ce mercredi 13 septembre au cosmodrome de Vostochny, en Russie, pour serrer la main de Vladimir Poutine. Une rencontre scrutée de près à l’international, tant elle pourrait être stratégique pour l’avenir de la guerre en Ukraine.

Washington craint en effet que, derrière cette visite, se cachent des discussions sur la livraison d’armes nord-coréennes à Moscou. À la sortie de sa discussion avec le président russe, Kim Jong-un a affirmé qu’il fera des liens avec la Russie la « priorité absolue » de sa diplomatie. Voici ce que l’on sait de leurs échanges.

  • Un toast porté au « renforcement » de la coopération entre les deux pays

Après une poignée de main relayée dans une vidéo par le Kremlin et la visite des installations du cosmodrome, Vladimir Poutine et Kim Jong-un ont entamé un entretien qui a duré deux heures. Coté russe, la délégation comprenait notamment les ministres de la Défense, Sergueï Choïgou, et des Affaires étrangères, Servez Lavrov, mais aussi celui de l’Industrie, Denis Mantourov.

À l’issue de cette rencontre, Vladimir Poutine a trinqué face à Kim Jong-un au « renforcement futur de la coopération » avec Pyongyang. « Je saisis cette opportunité pour affirmer que nous serons toujours avec la Russie », a répondu Kim devant son homologue, selon la traduction de la télévision russe.

« Nous sommes convaincus que l’armée et le peuple russes remporteront certainement une grande victoire dans la lutte sacrée pour punir le rassemblement du mal qui prétend à l’hégémonie », a poursuivi le leader nord-coréen, debout derrière une longue table, entouré de hauts responsables des deux pays. Il a aussi fait l’éloge de l’« héroïque » armée russe, engagée dans un assaut en Ukraine depuis plus d’un an et demi.

  • La question de la livraison d’armes reste en suspens

À ce stade, aucune déclaration officielle n’a mentionné un éventuel accord pour des livraisons de matériel militaire à la Russie afin de soutenir son offensive en Ukraine. La semaine dernière, Washington a averti que la Corée du Nord « paierait le prix » si elle fournissait à la Russie des armes pour le conflit en Ukraine.

Toutefois, à l’issue de la rencontre, Vladimir Poutine a dit voir « des perspectives » de coopération militaire avec la Corée du Nord, malgré les sanctions internationales visant déjà Pyongyang, très isolé, à cause de ses programmes nucléaires et de ses missiles en développement. « La Russie respecte toutes ces restrictions. Mais il y a des choses dont nous pouvons certainement parler, nous en discutons », a-t-il affirmé à la télévision d’État russe.

Selon le New York Times, Moscou cherche à obtenir de Pyongyang des obus d’artillerie et des missiles antichars, alors que la Russie manque de munitions et d’alliés pour lui en fournir, après vingt mois de guerre en Ukraine. L’arsenal nord-coréen est largement d’origine soviétique, donc potentiellement compatible avec le matériel russe.

Au-delà du spectre d’un nouvel accord militaire, l’affichage avec Kim Jong-un est aussi un message de la Russie à l’attention du camp occidental, notent des analystes. « Moscou a intérêt à mettre en scène un rapprochement avec Pyongyang, pas forcément à acheter des armes », prévient sur le réseau social X Antoine Bondaz, expert à la Fondation pour la recherche stratégique (FRS).

« Du côté russe, cette stratégie de communication vise à faire pression sur Séoul », qui « fournit des armes à l’Ukraine indirectement, via la Pologne » et est le troisième fournisseur d’armes de l’Otan, argumente-t-il dans le quotidien français Le Monde.

  • Une aide pour la conquête spatiale de la Corée du Nord ?

Les possibles avantages pour Moscou de cette rencontre, symboliques comme matériels, sont évidents. Mais quels intérêts trouverait la Corée du Nord à renforcer ses liens avec la Russie ?Le choix du cosmodrome comme cadre de la réunion est particulièrement symbolique et donne un premier élément de réponse. Il s’agit du site de lancement de fusées spatiales le plus avancé de Russie en Extrême-Orient russe.

Vladimir Poutine a en effet évoqué la possibilité que la Russie aide la Corée du Nord à construire des satellites, après que Pyongyang a récemment échoué à deux reprises à mettre en orbite un satellite militaire espion. « C’est pourquoi nous sommes venus ici. Le dirigeant de la Corée du Nord montre un grand intérêt pour la technologie des fusées. Ils essaient de développer leur programme spatial », a dit Vladimir Poutine, selon des agences de presse russes.

Selon l’agence de presse russe Tass, qui veille à ne mentionné aucune discussion militaire entre les deux dirigeants, Vladimir Poutine et Kim Jong Un ont en outre évoqué lors de leur rencontre des « opportunités de coopération » dans les domaines de l’éducation, de la santé, de l’agriculture et « un certain nombre de projets intéressants » sur le plan économique.

  • Un défilé militaire

Cette rencontre est aussi l’occasion pour la Russie de s’afficher puissante sur la scène internationale. Vladimir Poutine a annoncé que la Flotte russe du Pacifique fera devant Kim Jong-un « une démonstration » de ses capacités militaires, sans préciser quand elle aurait lieu.

« Il s’agit simplement de démontrer les capacités de la Flotte du Pacifique » à Kim, a-t-il expliqué à la télévision russe à l’issue de l’entretien avec son homologue nord-coréen. Cette « démonstration » aura lieu « à Vladivostok », a indiqué Vladimir Poutine.

Dans cette grande ville aux confins de la Russie, située près des frontières chinoise et nord-coréenne, Kim Jong-un doit également « visiter l’université fédérale d’Extrême-Orient et certaines installations de l’Académie des sciences de Russie, dont les laboratoires travaillent sur la biologie marine », a détaillé Vladimir Poutine. Avant cela, Kim « se rendra à Komsomolsk-sur-l’Amour, où il visitera des usines produisant des équipements aéronautiques civiles et militaires », selon le président russe.

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