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Renault veut accélérer dans les pays émergents et l'électrique

par Gilles Guillaume et Laurence Frost

LA DÉFENSE (Hauts-de-Seine) (Reuters) - Renault a présenté vendredi son nouveau plan stratégique sur six ans au terme duquel il compte porter ses volumes de ventes à cinq millions d'unités en accélérant dans les pays émergents et en appliquant aux véhicules électriques et hybrides l'approche low cost qui a fait son succès.

Le constructeur automobile devrait ainsi faire croître de 44% ses volumes, par rapport au niveau de 3,5 millions enregistré en 2016, sur la durée du plan "Drive the future" qui succède à "Drive the change".

Cette croissance viendra essentiellement d'autres marchés que l'Europe, où les volumes de Renault devraient rester à peu près stables à 1,8 million d'unités.

Le groupe au losange vise aussi sur la période une hausse de 36% de son chiffre d'affaires, qui passerait de 51,2 milliards d'euros l'an dernier à 70 milliards, et une marge opérationnelle de plus de 7% en 2022 (contre 6,4% en 2016), avec un plancher de 5%.

"Drive the future ambitionne de réaliser une croissance forte et durable en tirant parti des investissement dans des régions et produits clés, en capitalisant sur les ressources technologies de l'alliance et en améliorant notre compétitivité", a déclaré le PDG Carlos Ghosn, cité dans un communiqué.

Au cours d'une conférence, il a souligné que les objectifs financiers du constructeur étaient basés sur des "hypothèses relativement prudentes".

Il a également expliqué l'objectif prudent de marge, si on le compare au niveau atteint l'an dernier, par le durcissement des normes d'émissions pour les moteurs thermiques appelé à peser sur la profitabilité.

CONSERVER L'AVANTAGE DANS L'ÉLECTRIQUE

Renault prévoit de lancer en tout 21 nouveaux véhicules sur la période. Il compte conserver l'avantage dans l'électrique, où il fait figure de précurseur avec Nissan, et lancera huit véhicules non thermiques durant le plan. S'ajouteront 12 modèles hybrides, un segment dont Renault était jusqu'ici absent.

Les voitures électriques "sont en train de se transformer en un contributeur significatif à notre performance alors que d'autres constructeurs empruntent seulement maintenant ce chemin", a ajouté Carlos Ghosn.

La stratégie low cost, l'une des grandes réussites du groupe depuis la première Logan, sera également déclinée dans cette technologie avec le lancement en Chine de modèles abordables, et dans l'hybride avec une "technologie abordable unique".

Renault élargira aussi son offre économique avec l'arrivée de la famille Kwid et un agrandissement de la gamme Dacia, notamment le lancement d'un grand frère du SUV à succès Duster, mais aussi avec l'utilisation de la marque russe Lada pour pénétrer de nouveaux marchés.

Au terme du plan, la Russie devrait ainsi devenir le premier marché de Renault devant la France tandis que l'international, hors Europe, devrait peser plus de 60% des ventes (contre 48% l'an dernier) et 50% du bénéfice opérationnel (25% en 2016).

Le plan précédent avait été marqué par un redressement du groupe grâce à une amélioration de la compétitivité en France, à un vaste renouvellement de la gamme et de son design et à un resserrement des liens au sein de l'alliance avec Nissan, désormais élargie à Mitsubishi et en passe de prendre cette année la première place mondiale du secteur.

"Le constructeur français régional de 2005, dépendant d'un seul modèle, Mégane, et d'un pays, la France, est maintenant une entreprise globale profitable, résiliente, multipolaire, et elle le sera encore davantage d'ici la fin du plan", a dit Carlos Ghosn. C'est en 2005 que l'actuel PDG du groupe a pris les rênes opérationnelles de Renault.

"Les principales annonces de Renault constituent de bonnes nouvelles dans un monde où la plupart des observateurs redoutent une baisse des cash flows et de la profitabilité à cause des ruptures technologiques, des objectifs d'émission et de l'aspect cyclique du secteur", commente dans une note Arndt Ellinghorst, analyste chez Evercore ISI.

A midi, l'action du constructeur gagnait 1,55% à 86,93 euros, enregistrant la deuxième plus forte hausse du CAC40 (-0,11%).

(Edité par Jean-Michel Bélot)