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Renault en avance sur son objectif de marge opérationnelle

par Gilles Guillaume et Laurence Frost

BOULOGNE-BILLANCOURT, Hauts-de-Seine (Reuters) - Renault a publié vendredi des résultats 2015 marqués par une amélioration sensible de sa marge opérationnelle et un bond de près de 50% de son résultat net malgré un marché russe toujours très difficile, qui l'a conduit à déprécier son investissement dans AvtoVAZ.

Le plus international des constructeurs automobiles français a enregistré en 2015 un chiffre d'affaires record de 45,3 milliards d'euros (+10,4%), porté par un renouvellement sans précédent de sa gamme et les ventes à ses partenaires Nissan et Daimler, ainsi qu'une marge opérationnelle record en normes IFRS de 5,1%, contre 3,9% en 2014.

Il dépasse ainsi avec deux ans d'avance l'objectif de son plan stratégique, qui prévoyait une marge de 5% à l'horizon 2017. L'autre grand objectif du plan est un chiffre d'affaires de 50 milliards d'euros.

"Les résultats de 2015 marquent une avancée décisive vers la réalisation des objectifs de notre plan 'Drive the change'", a déclaré le PDG Carlos Ghosn lors d'une conférence avec des analystes. Et ce, malgré les difficultés persistantes des marchés russe et brésilien, deux pays au coeur de l'internationalisation du groupe.

A la mi-journée, après un début de séance en nette hausse, l'action Renault perdait cependant 1,79% à 67,62 euros et sous-performait le secteur automobile européen (+2,2%). "Bien que les résultats soient supérieurs aux attentes, nous pensons qu'avec la dégradation macroéconomique et l'optimisme persistant en Europe, les anticipations pour Renault sont trop élevées et génèrent un risque substantiel de déception", commente Morgan Stanley dans une note.

La faiblesse du marché automobile russe, attendu en baisse de 12% cette année après avoir été divisé par deux environ depuis son pic de 2013, a conduit Renault à passer une dépréciation de 225 millions d'euros sur AvtoVAZ, dont il détient indirectement 37,25%.

Au total, AvtoVAZ a amputé le bénéfice net de Renault de 620 millions d'euros, un poids largement compensé toutefois par la performance du groupe en Europe avec des nouveautés comme le crossover urbain Captur et la contribution positive de Nissan de 1,98 milliard d'euros, deuxième montant record en valeur absolue.

"Le groupe Renault est en discussions avec les autres actionnaires de la holding (...) contrôlant AvtoVAZ, en vue d'une prochaine recapitalisation, qui pourrait conduire à la consolidation de cette entreprise par Renault", indique le constructeur dans un communiqué. Le directeur financier de Renault, Dominique Thormann, a précisé à des journalistes que ces discussions devraient se conclure d'ici la fin de l'année.

UN GROUPE SUFFISAMMENT DIVERSIFIÉ

Malgré la volatilité de certains marchés émergents, Renault vise en 2016 une nouvelle hausse de son chiffre d'affaires à changes constants et de sa marge opérationnelle.

Il compte pour cela sur la Chine et l'Inde, où il anticipe toujours une progression sensible du marché, et sur l'Europe où il a confirmé sa prévision d'une croissance de 2%.

"Renault est plus diversifié et ne sera plus à l'avenir trop dépendant vis-à-vis d'un segment spécifique ou d'une région en particulier", a ajouté Carlos Ghosn, rappelant que dix ans plus tôt, le groupe comptait encore essentiellement sur la Mégane et la France pour ses résultats.

Renault vient de lancer en Europe le grand frère du Captur, Kadjar, pour lequel il est en train de saturer les capacités de production en Espagne.

En France, il compte également porter sa production à 730.000-740.000 unités cette année, soit au-delà de l'engagement de 710.000 pris dans le cadre de son accord de compétitivité, et va embaucher cette année 1.000 personnes et signer autant de contrats d'apprentissage.

L'action a gagné jusqu'à 5% dans les premiers échanges en Bourse avant de se retourner à la baisse, des traders évoquant alors les propos du PDG sur l'alliance avec Nissan. "Je ne pense pas que nous allons jouer au jeu consistant à affiner (la structure de l'alliance) sans but précis", a dit Carlos Ghosn, qui est également PDG de Nissan. "La seule façon de pouvoir toucher à la structure de l'alliance, c'est si vous avez un objectif fort, un objectif stratégique."

En fin d'année dernière, Renault avait profité d'informations de presse selon lesquelles Nissan souhaiterait porter ses parts dans le constructeur français à au moins 25% du capital.

(Edité par Dominique Rodriguez)