"Renaissance a aussi sa liberté": Élisabeth Borne fixe les conditions de son "soutien" au gouvernement Barnier

Cap sur Renaissance. En campagne pour récupérer la tête du parti présidentiel, Élisabeth Borne, plutôt discrète ces derniers mois, distille désormais ses messages pour convaincre ses collègues.

"Le parti Renaissance sera en soutien parce qu'on a besoin que ce gouvernement réussisse. C'est essentiel pour notre pays. Mais il a aussi sa liberté", met en garde l'ancienne Première ministre ce matin sur BFMTV.

"Sans aucun doute" contre la fin de l'AME

"Évidemment, nous avons des marqueurs auquel nous tenons comme la création d'activité, l'encouragement au travail, la transition écologique. Sur ces sujets-là, nous serons vigilants et on a une certaine liberté", prévient encore l'ex-cheffe du gouvernement.

Parmi les lignes rouges évoquées par Élisabeth Borne, on trouve notamment la suppression de l'aide médicale d'État (AME) pour les sans-papiers qu'elle refusera "sans aucun doute". Le nouveau ministre de l'Intérieur Bruno Retailleau souhaite pourtant la transformer en aide médicale d'urgence, aux contours beaucoup plus restrictif.

Michel Barnier a expliqué lui n'avoir "ni totem ni tabou" en la matière. Gérald Darmanin, désormais député du Nord, s'était cependant dit "favorable" à la suppression de l'AME auprès du Parisien en octobre 2023.

Ces proches pourraient-ils voter en faveur d'une telle mesure ? Pour l'instant, l'ex ministre de l'Intérieur s'est gardé d'aller sur le terrain ces dernières semaines.

Non aux augmentations d'impôts, oui "à regarder certaines niches" fiscales

Autre mesure qui crispe le camp macroniste: d'éventuelles hausses d'impôts ciblées pour les plus aisés et les grands groupes dans un contexte budgétaire particulièrement ardu. Michel Barnier a ainsi évoqué vendredi dans une interview au Journal de Saône-et-Loire une contribution "exceptionnelle et temporaire" de "ceux qui le peuvent".

"Ce n'est certainement pas en augmentant les impôts" que le gouvernement pourra réduire le déficit, juge Élisabeth Borne.

Elle appelle cependant à "regarder certaines niches" fiscales à destination "des très grandes entreprises ou des personnes très riches", soit une feuille de route assez proche de celle déjà évoquée par le Premier ministre.

Renaissance divisée

Il faut dire qu'Élisabeth Borne marche sur des œufs en la matière: 27 députés macronistes se sont ainsi fendus d'une tribune dimanche jugeant "impensable" toute augmentation d'impôts.

"Je sais que nous serons nombreux à ne pas pouvoir soutenir un gouvernement qui augmenterait les impôts", a encore lancé Gérald Darmanin lors de sa rentrée politique à Tourcoing ce dimanche.

Une partie de la macronie pourrait cependant dire oui à Michel Barnier en la matière. Plusieurs députés Renaissance avaient ainsi mis sur la table la question de la taxation des super profits à l'automne 2022 à l'instar de Stella Dupont ou encore David Amiel.

L'ex locataire de Matignon avait déjà pris date dans une interview au Parisien fin août en se disant "candidate à la direction de Renaissance" avec pour ambition "de rassembler de façon très large".

Il est "vital" de "préserver l'unité du parti", avait-elle encore expliqué pour tenter de contrer une éventuelle candidature de Gabriel Attal, jugée plus clivante par ses soutiens.

Article original publié sur BFMTV.com