Qui pour remplacer Barnier à Matignon? Les dernières informations BFMTV sur le prochain Premier ministre

Une équation difficile à résoudre. Après la démission de Michel Barnier, Emmanuel Macron cherche à nommer rapidement un nouveau Premier ministre. Avec une condition principale à remplir: échapper à la censure des oppositions à l'Assemblée nationale.

Proches de la macronie, anciens ministres socialistes... Le président de la République teste plusieurs profils. Voici nos informations sur les noms qui reviennent le plus dans les discussions à l'Élysée.

· François Bayrou

C’est la piste qui a été la plus évoquée depuis jeudi 5 décembre, jour de la démission de Michel Barnier. Ce jour-là, le président reçoit son allié de la première heure en tête-à-tête. Et un nouveau rendez-vous, "à la demande du président", dit-on dans l’entourage de l’intéressé, a eu lieu ce mardi 10 décembre avant la réunion des forces politiques.

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Lors de cette réunion, le président du Modem a semblé tendre la main à la gauche, notamment en se montrant ouvert sur l’engagement du futur Premier ministre à ne pas utiliser le 49.3.

À l’issue de cette journée peut-être décisive, "Bayrou était persuadé que ce serait lui", nous assure un très proche du chef de l’État. "Pour Bayrou, il y a un alignement des planètes. Si ça n'est pas pour maintenant c'est pour jamais", défend un proche, qui note que le maire de Pau est "moins bavard que d'habitude".

Dans des déclarations laconiques ces derniers jours, il s’est contenté d’estimer que la solution à la crise politique pouvait en effet se trouver au centre.

Plusieurs obstacles se trouvent toutefois sur la route de l’éphémère Garde des Sceaux. "Ça ne peut pas être François Bayrou. Ce n'est pas moi qui nomme, ce sera peut-être lui, mais ce n'est pas le bon choix", a répété Olivier Faure, le patron du PS, ce mercredi matin sur BFMTV-RMC.

Même scepticisme chez certains à droite. "Bayrou ce n’est pas rédhibitoire, s’il faut faire avec, on fera avec. Mais je préfère un Premier ministre de droite", livre un ministre Les Républicains. Beaucoup moins conciliant, Nicolas Sarkozy a sans surprise l’occasion de dire en coulisses tout le mal qu'il pense de François Bayrou.

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Emmanuel Macron est-il au fond si convaincu par l’hypothèse ? Lors d’au moins deux rencontres en bilatérales qu’il a mené avec les partis avant mardi, "le président nous a fait sentir que ce n’était pas sa préférence", raconte un participant.

· Bernard Cazeneuve

"Notre cote remonte ce matin!", nous assure un proche de l’ancien Premier ministre. Comme cet été, le nom de Bernard Cazeneuve circule beaucoup. En août, "il était cloîtré, il ne parlait à personne. Cette fois, il reçoit plein de coups de fils", raconte la même source.

La piste de ce proche de François Hollande serait aussi soutenue par des députés du bloc central. Ceux qui soutiennent cette candidature suggèrent qu’elle prend un nouveau sens, notamment depuis que le PS se montre plus ouvert à la discussion.

"Les socialistes ont fait un geste hier… Le président peut peut-être tenir compte de ce qu’ils disent", analyse une figure de la Macronie.

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Les forces du NFP sont réservées néanmoins sur cette hypothèse. Devant notre caméra vendredi soir, Bernard Cazeneuve ne s’est pas attardé sur sa candidature: "Est-ce que vous pensez que si j'avais été contacté par l'Élysée, je vous le dirais?", a-t-il lancé.

· Sébastien Lecornu

Le ministre des Armées se défend d’être en campagne... Mais comme au début de l’année, comme cet été, son nom est régulièrement avancé.

"Il a le sens de l’État et des responsabilités pour la France. C’est un gaulliste. Il ne pourrait pas ne pas accepter. Il y a en plus quelque chose de sacrificiel à accepter ce poste en ce moment", estime un proche.

Sébastien Lecornu est présenté comme proche du couple Macron et de Nicolas Sarkozy. Son histoire personnelle avec LR est un atout dans la situation. Mais sa candidature ne fait pas l’unanimité au sein du bloc central… Aussi bien parmi les proches de Gabriel Attal qu’au Modem.

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"Le nouveau patron de Renaissance appelle à oublier les guerres d'égos mais il est le premier à chercher à monter tout le monde contre l'hypothèse Lecornu", raille un proche. "Mais le ministre ne se rabaisse pas à répondre. C’est quelqu’un de discret qui ne baigne pas dans ce genre de magouilles."

Une partie de la macronie verrait dans sa nomination une concession au RN qui le cite souvent comme un potentiel PM "acceptable". "La réalité c’est qu’il est salué par les oppositions car il traite tous les groupes. Et on ne peut pas nous accuser d’être sectaires. Pas en cette période", rétorque son entourage.

"Il est poussé par ceux qui ne veulent ni de Bayrou, ni de Cazeneuve", observe une figure du Socle commun.

· Catherine Vautrin

L’ancienne ministre de Nicolas Sarkozy avait failli être nommée au printemps 2022… avant que le président ne lui préfère Elisabeth Borne. Un incroyable retournement de situation qu’elle avait raconté à une équipe de "Ligne Rouge".

"L’avantage de Vautrin, c’est qu’elle n’a jamais parlé des présidentielles et elle ne fait grief à personne, détaille un cadre d’EPR. "Alors que François Bayrou a toujours été titillé par la présidentielle".

"Elle est très poussée par beaucoup de ministres" de l’actuelle équipe gouvernementale, remarque un autre.

L’actuelle ministre du Partenariat avec les territoires et de la Décentralisation de France garde de très bonnes relations à droite, notamment avec Gérard Larcher. "Elle ne les a jamais insulté, contrairement à d’autres. Elle a rejoint le gouvernement des années après avoir quitté LR, rappelle un proche. Elle n’a pas vendu son âme pour un poste. Elle n’est pas vue comme une traître".

Catherine Vautrin s’entend très bien aussi avec Gabriel Attal, elle qui a intégré depuis son passage en Macronie les instances du parti Renaissance.

Enfin, elle sait aussi montrer des signes d'ouvertures à la gauche. "Elle a compris très vite qu’il n’y aurait pas d’évolution parlementaire sans l’idée d’ouvrir des champs. Elle est en charge des collectivités, en lien avec les grands élus de ce pays. Elle arrive, elle ne vous marche pas sur les pieds, n’humilie personne et est plutôt du genre à sortir une feuille blanche en demandant: qu’est-ce que vous êtes prêts à faire", témoigne un proche.

Mais sur sa route, les mêmes obstacles subsistent. "On a passé l’été à dire qu’on avait perdu les élections et que le Premier ministre ne pouvait pas être issu de Renaissance!", relève un soutien du Président.

"Elle s'entendait très bien avec Barnier. Mais c'est ça son problème. Quel tournant ça marque par rapport à lui? C'est quoi sa plus-value? Elle ne suscite pas de rejet du RN. Mais Barnier non plus il y a trois mois" remarque un conseiller de l’exécutif.

En 2022, les positions de Catherine Vautrin à l’époque du débat sur le Mariage pour Tous avaient pesé dans son "débranchement" par Emmanuel Macron.

· Jean-Yves Le Drian

Lui aussi est un allié de la première heure du Président. L'ancien ministre des Affaires étrangères Jean-Yves Le Drian a toujours des soutiens en Macronie et a bien échangé avec Emmanuel Macron sur la situation.

Mais selon nos informations, Jean-Yves Le Drian a lui-même dit au chef de l'État qu'il ne pensait pas être le bon candidat, faisant l'analyse qu'il ne peut pas élargir le socle commun à ses anciens amis socialistes.

· Un candidat surprise?

"Avec Emmanuel Macron, tout est surprise... Il faut s'attendre à tout", prévient, prudent, un très proche du chef de l'État ce mercredi matin.

Des profils moins connus du grand public, plutôt issus de l'aile gauche de la Macronie, peuvent aussi présenter de l'intérêt dans cette situation. "Des gens qui n'iront pas à la présidentielle..." commente un ancien ministre. Réponse, si tout se passe comme prévu, d'ici jeudi soir...

Article original publié sur BFMTV.com