Rembourser la nymphoplastie

«Mon sexe est anormal, il est moche avec ce truc qui pend, je voudrais ne plus y penser», explique une jeune femme qui vient voir un chirurgien pour une nymphoplastie, qui consiste à raccourcir les petites lèvres.

Une opération sans danger médical particulier. Depuis quelques années, les demandes se multiplient, notamment en France : quelques centaines par an, en augmentation de 25% tous les ans. Sara Piazza, psychologue, a terminé une thèse sur ce sujet à l’université Paris-Diderot. Raisons invoquées : «L’esthétisme et la norme», précise-t-elle. «Ça pendouille, c’est inutile», disent-elles souvent. Et demandent à la médecine de les rectifier. «Souvent, les propos qu’elles tiennent sont d’avoir un sexe comme celui des autres. Elles veulent être dans la norme, mais y a-t-il une norme ? Une jeune femme nous disait : "Je voudrais que ce soit plus net, plus propre, carré."» Sara Piazza ajoute : «L’une m’a dit après l’intervention : "Maintenant, je n’y pense plus."» C’est souvent le cas. Dans neuf demandes sur dix, selon la chercheuse, les jeunes femmes sont très satisfaites de l’intervention.

Mais qu’en pense-t-on ici ? Sara Piazza constate que très peu de chirurgiens refusent d’opérer, «sauf pour des cas où la patiente semble mentalement malade, ou si elle a de lourds antécédents psychiatriques». Puis ajoute : «Souvent, lors de la consultation, les chirurgiens disent à leurs patientes : "Votre sexe est tout à fait normal." Mais ils vont l’opérer quand même, estimant que de toute façon, l’intervention n’est pas à risque.»

Dernier point soulevé : pour des raisons de codage administratif où se mélangent les actes de chirurgie esthétique et ceux de chirurgie réparatrice, l’intervention est remboursée à 100%. «Est-ce normal ? interroge la psychologue. Ce que j’entends souvent, ce sont des femmes disant : puisque c’est remboursé, c’est que je suis malade, et donc j’ai raison de me faire opérer.»

Dessin Pierre Mornet



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