Remaniement: nommée Première ministre, Élisabeth Borne n'est que la deuxième femme à Matignon

Élisabeth Borne à l'Élysée, le 7 mai 2022 - LUDOVIC MARIN / AFP
Élisabeth Borne à l'Élysée, le 7 mai 2022 - LUDOVIC MARIN / AFP

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Plus de trente ans après, elle est la deuxième femme nommée à Matignon. L'ex-ministre du Travail Élisabeth Borne a été nommée Première ministre ce lundi par Emmanuel Macron, trente-et-un ans après Édith Cresson en 1991.

Depuis plusieurs semaines, le profil du successeur de Jean Castex était connu et avait été annoncé clairement par Emmanuel Macron: fibre écologique, sociale... Et cela semblait se confirmer de plus en plus: le poste serait confié à une femme. Ce qui pourrait sembler être un détail aujourd'hui ne l'est pas pour l'Histoire, puisqu'Élisabeth Borne n'est que la deuxième femme à obtenir ce poste en France.

Classe politique "machiste"

La première fois, c'était le 15 mai 1991, lorsque Édith Cresson était nommée par François Miterrand, après une longue carrière ministérielle, notamment à l'Agriculture et aux Affaires européennes. Ce lundi sur BFMTV, celle qui n'est restée que dix mois à la tête du gouvernement a salué la nomination d'Élisabeth Borne. Estimant qu'il est "extraordinaire qu'on ait attendu aussi longtemps" pour choisir à nouveau une femme à Matignon, elle considère l'ancienne ministre du Travail comme "courageuse", "une vertu tout à fait nécessaire dans cette fonction", selon elle.

"C'est une fonction difficile où l'on est sans cesse critiqué, pas seulement par les adversaires politiques, mais aussi par la presse, je suis sûre qu'elle saura faire face aux difficultés qu'elle risque de rencontrer", estime l'ancienne Première ministre.

Et Édith Cresson parle en connaissance de cause, puisque sa courte expérience à Matignon a été marquée par de nombreuses difficultés, la Première ministre se heurtant notamment au machisme de la classe politique française, comme elle le rappelait ce dimanche dans les colonnes du JDD.

"Ce sont les mêmes attaques qu'aujourd'hui. On me prêtait des propos que je n'avais jamais tenus, on me lançait des critiques permanentes, on faisait des commentaires sur ma tenue vestimentaire", raconte l'ancienne dirigeante socialiste au JDD, estimant que "ce n'est pas le pays qui est machiste: c'est sa classe politique".

Un profil qui coche plusieurs cases

L'ancienne cheffe du gouvernement regrette aussi que la nomination d'une femme en tant que Première ministre soit aujourd'hui vécu comme un événement, ce qui n'est pas forcément le cas dans d'autres pays. Sur BFMTV ce lundi, elle estime par ailleurs que la question n'a pas été posée en Allemagne, où Angela Merkel est restée chancelière seize ans, ni au Royaume-Uni, où Margaret Thatcher a exercé le pouvoir pendant onze ans

En 2022, Élisabeth Borne devra-t-elle affronter les mêmes difficultés qu'Édith Cresson? Le profil de la désormais ancienne ministre du Travail colle en tout cas à ce qui était recherché par Emmanuel Macron.

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Ayant été ministre de l'Écologie, issue de la gauche en tant qu'ancienne conseillère de Lionel Jospin, elle semble faire consensus pour le poste. Reste à savoir si le "courage" décrit par Édith Cresson lui sera nécessaire dans ses nouvelles activités.

Article original publié sur BFMTV.com