Remaniement : les dates-clés du passage d'Edouard Philippe à Matignon
Edouard Philippe a passé 1145 jours à Matignon, faisant de lui le huitième Premier ministre à rester le plus longtemps en poste. De la crise des gilets jaunes à la pandémie de Covid-19, retour sur trois années marquées par de nombreux mouvements sociaux.
19 juin 2017
Au lendemain des élections législatives, Edouard Philippe remet la démission de son gouvernement. En cause, le nom de quatre ministres cités par la justice : Richard Ferrand (ministre de la Cohésion des Territoires), pour de présumés montages financiers lorsqu’il dirigeait les mutuelles de Bretagne, et les membres du Modem François Bayrou (ministre de la Justice), Marielle de Sarnez (ministre des Affaires euripéennes) et Sylvie Goulard (ministre des Armées), pour des présumés emplois fictifs au Parlement européen. Tous quittent le gouvernement.
26 février 2018
C’est le premier chantier important du quinquennat Macron qui va entraîner un mouvement social d’importance. Le 26 février 2018, Édouard Philippe annonce l’adoption par ordonnances “avant l’été” d’une vaste réforme de la SNCF.
Malgré 36 jours de grève à la SNCF, la réforme ferroviaire, qui instaure une ouverture à la concurrence de tous les services, une nouvelle gouvernance pour le groupe SNCF et la fin du recrutement des cheminots au “statut” est promulguée en juin 2018.
28 août 2018
Coup de tonnerre en plein mois d’août. En direct sur France Inter, Nicolas Hulot, ministre de l’Ecologie, annonce sa démission à la surprise générale. Poids lourd du gouvernement, il dénonce le manque de soutien de l’exécutif sur les dossiers écologiques pour expliquer son départ. C’est un camouflet pour Édouard Philippe qui n’a pas été prévenu.
Nicolas Hulot : "Je prends la décision de quitter le gouvernement" #le79inter cc @leasalame @ndemorand pic.twitter.com/MhRq7zEktM
— France Inter (@franceinter) August 28, 2018
17 novembre 2018
C’est le caillou dans la chaussure du Premier ministre qui n’a cessé de le suivre depuis le début de la crise. Le 17 novembre 2018 marque la première manifestation des gilets jaunes. Sur de nombreux ronds-points de France, des centaines de milliers de manifestants, au moins 290 000 personnes selon le ministère de l’Intérieur, manifestent contre la hausse des taxes sur le carburant et l’abaissement de la limitation à 80 km/h sur les routes nationales.
Le lendemain, au JT de 20h de France 2, Edouard Philippe lance : “Ce n’est pas quand ça souffle qu’il faut changer de cap, le cap que nous avons fixé nous allons le tenir”, assurant que la taxe carbone serait maintenue. Des propos qui renforcent le mouvement des gilets jaunes.
Invité du JT France 2, Edouard #Philippe assure avoir entendu "la souffrance" mais que "le cap sera tenu". Le Premier ministre a également dit défendre la liberté de manifester, tout en déplorant des scènes "d'anarchie" #AFP #GiletsJaunes pic.twitter.com/7Y4BqAGc9a
— Agence France-Presse (@afpfr) November 18, 2018
Face à l’ampleur des mobilisations, des annonces sont faites début décembre 2018. Emmanuel Macron envisage de renoncer à la limitation à 80km/h, avant d’y renoncer pour ne pas mettre en difficulté son Premier ministre, qui porte cette décision.
Malgré des tentatives de rencontre, de dialogues avec les gilets jaunes, la colère ne s’apaise pas et le mouvement s’enracine. Les gilets jaunes poursuit Edouard Philippe dans ses déplacements jusqu’au second tour des municipales, au Havre.
5 décembre 2019
Ce jour-là entre 806 000 et 1,5 million de personnes manifestent pour s’opposer au projet de réforme des retraites, qui vise à instaurer un régime universel par points et la fin des régimes spéciaux. Une grève débute dans les transports en commun, RATP et SNCF notamment. Six jours plus tard, le Premier ministre présente la réforme, et parvient à se mettre à dos la CFDT pourtant favorable à une retraite par points, qui bascule dans le camp des opposants.
À la crise sociale s’ajoute une affaire. Jean-Paul Delevoye, chargé de la réforme des retraites au gouvernement est contrait à la démission après des révélations sur des activités non-déclarées. Le mouvement s’enracine, la grève à la RATP et à la SNCF devient la plus longue de l’histoire.
Face au blocage des débats à l’Assemblée nationale, Edouard Philippe finit par avoir recours, le 29 février, à l’article 49-3 pour accélérer l’adoption de la loi. Mais la pandémie de Covid-19 gèle la réforme.
17 mars 2020
En plus d’une crise sociale historique avec le mouvement des gilets jaunes, Edouard Philippe a dû faire face à une crise sanitaire sans précédent, et toujours en cours, la pandémie de coronavirus, qui a fait près de 30 000 morts en France.
Le 17 mars 2018, la France est confinée, au lendemain du premier tour des élections municipales. Le maintien du scrutin, voulu par le Premier ministre, fait polémique alors que la veille des élections, bars et restaurants avaient déjà dû fermer en raison de l’épidémie.
Il n’y a aucune raison scientifique de penser qu’il serait plus dangereux d’aller voter que d’aller faire ses courses. #covid_19 #Le13H pic.twitter.com/qWCssh0sG3
— Edouard Philippe (@EPhilippePM) March 13, 2020
Pris de vitesse par l’avancée de l’épidémie, Edouard Philippe et le gouvernement sont pointés du doigt en raison de la mauvaise gestion des stocks de masques, et de la pénurie de tests. S’en suit un cafouillage sur l’efficacité du port du masque, d’abord présenté comme inutile avant d’être encouragé.
Mais au fur et à mesure de ses interventions durant le confinement, le ton pédagogue du Premier ministre séduit les Français, et sa cote de popularité grimpe, dépassant cette du Président de la République. Dans le dernier sondage Elabe pour “Les Echos”, la cote de confiance du Premier ministre atteint 43 %, en progression de 16 points en quatre mois. Celle d'Emmanuel Macron atteint 35 %.
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