Publicité

L'Assemblée rejette la motion de censure, la loi Macron adoptée

PARIS (Reuters) - Le gouvernement de Manuel Valls a surmonté jeudi l'obstacle de la motion de censure déposée par l'opposition en réplique à son passage en force sur la loi Macron, un signe pour le Premier ministre qu'une majorité existe pour poursuivre les réformes. "Nous continuerons, avec tous les moyens que donne la Constitution", a-t-il dit quelques minutes avant le vote. "Nous continuerons sans relâche à réformer." La motion présentée par l'UMP et les centristes de l'UDI n'a obtenu que 234 voix, alors que 289 votes - la majorité absolue de l'Assemblée - étaient nécessaires, et seuls quelques députés Front de gauche se sont ralliés à ce texte de la droite. Les groupes PS, écologiste et des radicaux de gauche ne l'ont pas voté, pas plus que les "frondeurs" du PS qui en sont pourtant à l'origine par leur refus de voter le projet de loi du ministre de l'Economie Emmanuel Macron, qui prévoit notamment plus de dimanches travaillés. C'est le risque de voir ce texte rejeté qui a incité Manuel Valls à utiliser mardi l'article 49-3 de la Constitution. Ce dispositif oblige l'Assemblée à adopter un texte ou à provoquer la chute du gouvernement. La loi Macron, qui contient toute une série de mesures, est donc adoptée après le rejet de la motion de censure prévue par le même article. Les "frondeurs" du PS, qui étaient menacés d'exclusion de leur formation politique en cas de vote de la motion, sont temporairement rentrés dans le rang même s'ils ont promis de se battre pour modifier la loi Macron en deuxième lecture. VALLS ATTAQUE LES FRONDEURS "IMMATURES" Manuel Valls n'a pas caché qu'il n'hésiterait pas à utiliser de nouveau l'article 49-3 lors de ce second passage pour faire adopter un texte jugé symbolique de la volonté de réformes exigées par la Commission européenne en échange d'un nouveau délai pour la réduction des déficits publics français. "L’engagement du 49.3, c’est un acte d’autorité, car l’autorité, c’est assumer ses responsabilités quand l’intérêt supérieur de la Nation l’exige", a-t-il dit en s'en prenant frontalement aux rebelles "immatures". "On ne joue pas aux dés avec un texte aussi important pour notre pays. On ne prend pas de risque face à l’irresponsabilité et l’immaturité de certains", a-t-il dit. "Je l'ai souvent dit ces derniers jours, nous sommes sur le fil du rasoir et ma conviction profonde c'est qu'il y a deux réponses possibles aujourd'hui", a-t-il ajouté en évoquant le choix entre "l’extrême droite qui ne cesse de progresser" et une "gauche responsable qui assume ses responsabilités". Manuel Valls a confirmé le calendrier des réformes, notamment celles du dialogue social et de la santé, même s'il ne pourra plus utiliser l'article 49-3 pendant cette session parlementaire, ce qui risque de freiner l'élan. La droite a estimé pendant le débat que Manuel Valls était mortellement affaibli par la faiblesse de sa majorité. "Vous ne tenez plus le manche, vous ne pilotez plus", a déclaré le président du groupe UMP à l'Assemblée nationale, Christian Jacob, en égrenant tous les votes acquis de justesse depuis la nomination de Manuel Valls à Matignon. PAS DE MAJORITÉ ALTERNATIVE Co-signataire de la motion, le président du groupe centriste UDI, Philippe Vigier, a estimé que "l'impasse" dans laquelle se trouve selon lui la majorité l'empêchait de "mener à bien les réformes indispensables" mais 7 députés de son groupe, favorables à la loi Macron, n'ont pas pris part au vote. Quelques députés Front de gauche se sont ralliés à la droite pour protester contre la "dérive libérale" présumée du gouvernement symbolisée pour ce groupe par la loi Macron qui étend notamment le nombre de dimanches travaillés. "Parfois, le retour à la raison doit être provoqué par un geste fort", a dit le communiste André Chassaigne. Mais la motion a eu pour effet de rassembler la gauche. "Par notre vote d’aujourd’hui, M. le Premier ministre, nous vous disons clairement que les écologistes ne sont pas dans l’opposition", a dit François de Rugy, le co-président du groupe écologiste, tout en réaffirmant son opposition à la loi Macron. Pour le président du groupe socialiste, Bruno Le Roux, la preuve était faite qu'il n'y a pas d'alternative. "J’ai beau regarder, de gauche à droite, sur ces bancs, je ne vois pas de majorité alternative se dessiner, l’alliance des carpes et des lapins ne pouvant par nature n’être qu’éphémère et stérile", a-t-il lancé. (Emile Picy et Julien Ponthus, édité par Yves Clarisse)