Un regard sur 15 millions d'années de géologie : portrait d'un cristallier
Initié à la chasse aux cristaux dès son adolescence, Jean-Franck Charlet est guide de haute montagne, mais aussi cristallier. Ce terme désigne non pas un métier, mais une passion : celle d’aller cueillir les cristaux exposés sur les flancs de montagnes. « Ils se trouvent dans ce qu’on appelle des « fours », des fissures ouvertes dans la roche et tapissées de cristaux, qui se sont libérées par l’érosion des montagnes », explique J.-F. Charlet.
Ces cristaux sont le résultat de 15 millions d’années
Comme le détaille Jean-Franck Charlet, « ces cristaux ont été formés à environ 10 kilomètres de profondeur, il y a 15 millions d’années, lors de la collision entre la plaque africaine et la plaque européenne. La collision a fait remonter du granit du magma terrestre. Durant la collision, tout a été comprimé si fortement que des fissures se sont créées dans la roche. De l’eau s’est ensuite accumulée dans ces fissures, ou plutôt une solution aqueuse contenant de l’eau, mais aussi divers minéraux qui y sont dissous. »
Tous ces processus se déroulent à très forte pression (400 fois la pression atmosphérique) et haute température, environ 500 degrés Celsius. Les éléments contenus dans l’eau y sont dispersés et dissous atome par atome jusqu’à ce que la solution devienne saturée : « petit à petit, la roche remonte, d’environ un millimètre par an, donc ce qui était 10 km sous terre il y a 15 millions d’années est aujourd’hui au sommet du mont Blanc : c’est le processus naturel de formation des montagnes. La température et la pression diminuent, puis l’eau devient sursaturée en éléments et ils se mettent alors à précipiter. Additionnée aux diverses compressions et décompressions que subit la roche durant sa remontée, la solution aqueuse se change en cristaux qui tapissent alors les flancs de la cavité ». Bien sûr, ce mécanisme de formation des cristaux...
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