Refusons la désunion européenne, par Pierre Moscovici

Le commissaire européen aux Affaires économiques Pierre Moscovici le 29 juillet à l'Elysée à Paris

Crise des migrants, violentes négociations sur la Grèce, divergences économiques, remise en cause de Schengen, les divisons européennes sont de plus en plus nombreuses. Un spectacle qui alimente une défiance inquiétante vis-à-vis de l’Union.

Ceux qui, comme moi, croient passionnément à l’idée européenne doivent se rendre à l’évidence : nombre de nos concitoyens doutent profondément de cette voie politique. Longtemps champions de l’intégration, traditionnellement porteurs d’un espoir de progrès pour notre continent, les Français eux-mêmes sont aujourd’hui plongés dans une défiance qui se nourrit du spectacle des divisions européennes.

Partons, d’abord, d’un diagnostic lucide sur l’état de notre Union européenne : les forces centrifuges se multiplient et font monter le péril de la désunion. L’arrivée de réfugiés a fait éclater au grand jour de profondes divisions entre l’ancienne UE-15 et les Etats membres plus récents. On parle désormais sans complexe de défaire Schengen, pourtant symbole de liberté, et ici et là sont érigés des murs et des barbelés qui fracturent le paysage européen, comme aux pires heures de la guerre froide. La perspective du référendum britannique fait poindre le spectre du départ d’un grand pays et freine toute discussion sur des avancées à Vingt-Huit. La crise grecque a été l’occasion d’affrontements d’une rare violence entre gouvernements, notamment entre la droite et la gauche européennes. Les Etats qui ne partagent pas l’euro s’inquiètent de voir les dix-neuf autres se replier sur eux-mêmes. Au sein de l’Union économique et monétaire, les Etats membres ont divergé économiquement et socialement et ne reconvergent toujours pas. La taxe sur les transactions financières ne se fera qu’à onze, alors que les produits financiers qui seront taxés circulent dans un marché financier intégré.

Oui, l’Europe se lézarde. Et elle risque la fracture si on n’y fait rien. Que l’Europe soit traversée de lignes de tensions n’est pas nouveau. Que des conceptions (...)

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