Réforme des retraites : qui sont les députés frondeurs ?

Photo d'illustration (Photo JULIEN DE ROSA / AFP)
Photo d'illustration (Photo JULIEN DE ROSA / AFP)

Certains députés se font remarquer par leur position sur la réforme des retraites, contraire à celle de leur formation politique.

Le gouvernement parviendra-t-il à obtenir une majorité à l'Assemblée nationale pour voter la réforme des retraites sans passer par l'article 49.3 de la Constitution ? La tâche s'annonce difficile, tout d'abord avec la majorité relative dont dispose depuis les élections législatives Renaissance et ses alliés.

Une difficulté pour la majorité renforcée par la position tenue par certains députés qui ont annoncé leur intention de ne pas voter le texte tel qu'il a été présenté, fragilisant ainsi un peu plus la courte majorité dont dispose le gouvernement à l'Assemblée nationale.

  • Barbara Pompili (En Commun - majorité)

Parmi ces députés frondeurs, on trouve une ancienne ministre d'Emmanuel Macron, Barbara Pompili. Députée de la Somme, ministre de la Transition écologique de juillet 2020 à mai 2022, elle pointe du doigt les "injustices sociales" entrainées par la réforme, dans un entretien à BFMTV le 16 janvier dernier. "À ce stade, si devais voter maintenant, je ne pourrais pas voter pour", assure l'ex-élue Europe-Écologie-Les-Verts. "Le choix de repousser l'âge de départ à la retraite nécessite en face des mesures réparatrices très ambitieuses" et se demande si le gouvernement n'aurait "pas pu faire autrement".

À la tête d'En commun, un parti satellite de la majorité, Barbara Pompili pourrait entraîner avec elle trois autres députés membres de son parti : Cécile Rilhac, Stella Dupont et Mirelle Clapot.

  • Patrick Vignal (Renaissance - majorité)

Député Renaissance de l'Hérault, il a publiquement partagé ses doutes concernant la réforme des retraites telle qu'elle est présentée par la majorité. "Si ça n’évolue pas, je ne voterai pas cette loi", lance-t-il sur BFMTV, avant de devenir l'un des visages médiatiques des "frondeurs" de la majorité, même si lui récuse ce terme. "Je ne suis pas un frondeur, je veux juste faire avancer les choses", explique-t-il auprès du Huff Post.

Une pris de position qui lui vaut les critiques du patron de la majorité au Sénat, François Patriat. "Si vous voulez des référendum, quittez le Parlement, vous ne servez à rien", lance-t-il à son adresse.

Parmi ses revendications, Patrick Vignal souhaite une meilleure prise en compte de la pénibilité de certains métiers, y compris la pénibilité psychologique et la prise en compte du burn-out.

  • Richard Ramos (Modem - majorité)

Au sein des partis qui composent la majorité, la fronde grandit. Au Modem, le député du Loiret Richard Ramos, qui préfère se définir comme un député "libre" que comme un "frondeur", assure ne pas voter cette réforme "en l'état", qui selon lui pénalise les travailleurs seniors et les femmes.

"Cette réforme est injuste. Quelqu'un qui a travaillé pendant 30-40 ans, qui a été ouvrier et qui finit cadre, sa boîte va le virer à 55 ans parce qu'il va gagner plus qu'un jeune. Et celui-ci, on va lui dire qu'il va finir au RSA. Et le bonus-malus qu'on va mettre aux entreprises, ça ne marche pas", a-t-il notamment dénoncé sur RMC.

Selon un décompte mené par France Inter, qui a contacté les 249 parlementaires des groupes qui composent la majorité, sur les 153 qui ont répondu, sept députés voteraient "contre" et cinq s'abstiendraient, dont plusieurs au sein d'Horizons, le parti d'Édouard Philippe, mais qui préfèrent rester discrets sur leur opposition à la réforme.

  • Aurélien Pradié (LR - opposition)

Chez LR aussi, on recense des députés frondeurs. Le président du parti, Éric Ciotti, soutient une telle réforme depuis plusieurs années, idem pour le président (LR) du Sénat, Gérard Larcher. Mais la ligne de la direction du parti n'est pas unanimement partagée, faisant ainsi de ces députés des "frondeurs".

Aurélien Pradié, député du Lot, irrite les responsables des Républicains, alors qu'il refuse de voter la réforme tant que l'amendement qu'il a déposé, qui vise à permettre aux personnes qui ont commencé à travailler entre 20 et 21 ans à partir à 63 ans, ne sera pas adopté, a-t-il rappelé sur Public Sénat.

De quoi susciter la colère du chef de file des sénateurs LR, Bruno Retailleau, ou de Gérard Larcher qui l'a l’exhorté à voter le texte "s’il se sent vraiment de notre famille politique".

Avec lui, Aurélien Pradié emporte plusieurs députés de la droite dans la contestation, parmi lesquels Pierre-Henri Dumont.

  • Pierre-Henri Dumont (LR - opposition)

Pour le député Les Républicains du Pas-de-Calais, les propositions d'Élisabeth Borne sur les carrières longues sont jugées "très insuffisantes", pointant du doigt une "réformette qui ne changera rien" et pense qu'il faut "supprimer la réforme, la reporter et la retravailler".

"En l’état, je voterai donc contre la réforme des retraites", dit-il clairement, entrainant avec lui plusieurs députés dont il est proche.

  • Raphaël Schellenberger (LR - opposition)

Même son de cloche chez le député LR du Haut-Rhin Raphaël Schellenberger, qui explique que ce qui décidera "en grande partie de son vote" est la durée de cotisation maximum de 43 ans, alors que dans certains cas de figure, ceux ayant commencé à travailler avant 20 ans pourraient cotiser 44 années.

"En l'état, je voterai contre la réforme des retraites", rappelait-il sur BFMTV. Le 7 février, lors du vote de l'article introductif de la réforme, une vingtaine de députés LR ont voté contre, illustrant la fronde importante au sein des députés LR.

Au total, 25 députés LR ont déposé et co-signé cinq amendements de suppression de l’article 7 sur le report de l’âge légal à 64 ans, dont Julien Dive ou des proches de Laurent Wauquiez, tels qu’Isabelle Valentin, dont le suppléant n’est autre que le président de la région Auvergne-Rhône-Alpes.

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