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Réforme des retraites : quand la France passait l’âge de départ de 65 à 60 ans

Le Premier ministre Pierre Mauroy lors des Assises nationales des retraités et personnes âgées à Paris le 1er avril 1983. (Photo PHILIPPE WOJAZER / AFP)
Le Premier ministre Pierre Mauroy lors des Assises nationales des retraités et personnes âgées à Paris le 1er avril 1983. (Photo PHILIPPE WOJAZER / AFP)

Le gouvernement doit présenter ce mardi sa réforme des retraites, avec un report de l'âge légal de départ.

Réduire l'âge de départ en retraite de 65 à 60 ans. Non, ce n'est pas un article de fiction de 2032, où l'opposition actuelle a accédé au pouvoir et décide de revenir en arrière sur la réforme des retraites qui doit être présentée par le gouvernement ce mardi, avec un âge de départ à 64 ou 65 ans.

En 1981, le socialiste François Mitterrand est élu président de la République. Dans son programme de candidat, la proposition n°82 propose "le droit à la retraite à taux plein ouvert aux hommes à partir de 60 ans et aux femmes à partir de 55 ans", soit le passage de 65 à 60 ans.

En 1945, l'âge de départ fixé à 65 ans

Car depuis 1945, l'âge de la retraite à taux plein moyennant 37,5 années de cotisations, est fixé à 65 ans, soit le même âge qu'en 1910 lors de la mise en place des retraites ouvrières et paysannes.

La partie sur l'âge de départ des femmes est rapidement abandonnée, mais le 1er avril 1983, la réforme entre en vigueur, et l'âge de départ à la retraite est avancé à 60 ans pour 37,5 années de cotisation. C'est donc une avancée sociale qui se produit, mais pas sans heurts, et avec des débats déjà difficiles à l'époque.

La droite dénonçait "une réforme 'à contre-courant'"

En décembre 1981, le projet de loi habilitant le gouvernement à porter par ordonnance l'âge de la retraite à 60 ans est déposé à l'Assemblée, les débats débutent, avec des arguments qui n'ont depuis pas beaucoup changé. Une décision qui suscite la colère des droites, qui siègent dans l'opposition.

Pour le RPR, le député des Vosges Philippe Séguin dénonce une réforme "à contre-courant de l'évolution constatée partout dans le monde occidental". Pour le parti centriste UDF, le député de Haute-Loire Jacques Barrot pointe du doigt une réforme "plus inspirée par la démagogie que par la justice".

"Par les coûts supplémentaires qui pèseront sur des régimes de retraite déjà en difficulté, le gouvernement prend le risque de compromettre gravement l'avenir, ce qui ne peut que conduire à une augmentation des cotisations ou à la diminution du montant des pensions, comme certains de nos voisins européens y ont été contraints", met en garde dans une tribune dans Le Monde l'ancien Premier ministre Jacques Chaban-Delmas.

"On aurait beaucoup moins de problème s'il s'était abstenu"

La réforme est promulguée le 26 mars 1982 et entre en vigueur le 1er avril 1983, mais ne reste en vigueur que 10 ans. En 1993, Édouard Balladur augmente la durée de cotisation nécessaire pour liquider sa retraite à taux plein, passant de 37,5 ans à 40 ans dans le privé. Autre changement, les années prises en compte dans le calcul du salaire moyen sont passées de 10 à 25 ans.

En 2010, l'âge légal de départ passe de 60 à 62 ans et le recul progressif de l’âge du taux plein de 65 ans à 67 ans. L'occasion pour Nicolas Sarkozy de tacler la réforme de 1983. "Quand on pense à ce qu'a fait François Mitterrand en ramenant l'âge légal du départ à la retraite de 65 à 60 ans ! On aurait beaucoup moins de problème s'il s'était abstenu".

"La France se sent mieux quand les travailleurs sont plus heureux"

Trois ans après l'entrée en vigueur de la réforme, François Mitterrand met cette avancée au coeur d'un discours pour les législatives de 1986, le 16 mars à Lille. "37 ans et quelques de travail, et enfin vivre !", "Justice pour les travailleurs" ou encore "La France se sent mieux quand les travailleurs sont plus heureux"

Un extrait largement partagé par des figures de la gauche à quelques jours de la présentation de la réforme des retraites par le gouvernement Borne. De quoi amorcer la lutte contre la réforme qui s'annonce, dans l'hémicycle et dans la rue avec une première mobilisation prévue le 21 janvier.

VIDÉO - Réforme des retraites: 6 ans de reports sous la pression ou de crises inattendues