Redéfinir la vie sur terre : les trois quarts des terres émergées devenues plus sèches en 30 ans
Selon un rapport historique de la Convention des Nations unies sur la lutte contre la désertification (UNCCD), plus des trois quarts des terres de la planète sont devenues plus sèches de façon permanente au cours des dernières décennies.
Le rapport de l'UNCCD a été publié lors d'un sommet des Nations unies sur la lutte contre la désertification qui se tenait à Riyad, en Arabie saoudite.
Que se passe-t-il lorsque les terres s'assèchent ?
"Les climats plus secs qui affectent aujourd'hui de vastes territoires à travers le monde ne reviendront pas à leur état antérieur", explique Ibrahim Thiaw, chef de la Convention des Nations unies sur la lutte contre la désertification (CNULD), qui facilite les négociations de Riyad. "Ce changement est en train de redéfinir la vie sur Terre."
Cette année a été la plus chaude jamais enregistrée et si la tendance au réchauffement climatique se poursuit, près de cinq milliards de personnes - y compris dans la majeure partie de l'Europe, dans certaines régions de l'ouest des États-Unis, au Brésil, en Asie orientale et en Afrique centrale - seront touchées par l'assèchement d'ici la fin du siècle, explique le rapport de l'UNCCD.
Barron Orr, scientifique en chef de l'UNCCD, prévient que l'assèchement des terres pourrait avoir des "conséquences potentiellement catastrophiques sur l'accès à l'eau, qui pourraient pousser les populations et la nature encore plus près de points de basculement désastreux", où l'homme n'est plus en mesure d'inverser les effets néfastes du changement climatique.
Quels sont les risques liés à l'aridité de la Terre ?
Sergio Vicente-Serrano, l'un des principaux auteurs du rapport, explique que le réchauffement de l'atmosphère dû à la combustion du charbon, du pétrole et du gaz entraîne une augmentation de l'évaporation au sol. L'eau devient alors moins disponible pour les humains, les plantes et les animaux, ce qui rend leur survie plus difficile.
L'agriculture est particulièrement menacée, les terres plus sèches étant moins productives et réduisant à la fois les rendements et la disponibilité des aliments pour le bétail, ce qui entraîne une insécurité alimentaire pour les communautés du monde entier.
L'aridité entraîne également une augmentation des migrations, car les précipitations irrégulières, la dégradation des terres et les pénuries d'eau fréquentes rendent plus difficile le développement économique des régions ou des nations, selon le rapport de la CNULD.
Cette tendance est particulièrement marquée dans certaines des régions les plus arides du monde, telles que l'Europe du Sud, le Moyen-Orient, l'Afrique du Nord et l'Asie du Sud.
Que se passe-t-il au sommet de Riyad pour lutter contre la désertification ?
Lors de la COP16, les négociateurs présents à Riyad discutent principalement de la meilleure façon dont le monde peut répondre à des sécheresses plus fréquentes et plus dommageables.
Jes Weigelt, du groupe de réflexion européen sur le climat TMG, explique que la sécheresse est un point d'achoppement car les pays ne parviennent pas à se mettre d'accord sur la question de savoir si les pays riches doivent débourser des fonds pour lutter contre la sécheresse dans le monde entier.
Les fonds promis serviraient à améliorer les systèmes de prévision et de surveillance, ainsi qu'à créer des réservoirs et d'autres structures permettant d'accéder à l'eau même en cas de périodes de sécheresse prolongées.
"La grande question controversée est de savoir s'il faut agir par le biais d'un protocole contraignant au niveau des Nations unies ou s'il existe d'autres options que nous devrions explorer". explique Jes Weigelt. Un protocole contraignant signifierait que, parmi d'autres obligations, les pays développés pourraient être invités à fournir des fonds.
Les fonds destinés à lutter contre l'augmentation de la sécheresse et de la désertification sont insuffisants
Le chef de la CCD, Ibrahim Thiaw affirme que l'Arabie saoudite, pays hôte du sommet, a donné le ton aux discussions en promettant 2,15 milliards de dollars (2,4 milliards d'euros) provenant de divers pays et de banques internationales pour la résilience à la sécheresse.
Le groupe de coordination arabe, composé de 10 banques de développement basées au Moyen-Orient, s'est engagé à verser 10 milliards de dollars (9,49 milliards d'euros) d'ici à 2030 pour lutter contre la dégradation des sols, la désertification et la sécheresse.
Ces fonds devraient aider 80 des pays les plus vulnérables à se préparer à l'aggravation des conditions de sécheresse. Or, les Nations unies estiment qu'entre 2007 et 2017, les sécheresses ont coûté 125 milliards de dollars (118,7 milliards d'euros) dans le monde.
"En tant qu'hôtes, notre principal objectif est de faciliter les discussions cruciales qui ont lieu", déclare Osama Faqeeha, vice-ministre saoudien de l'environnement et conseiller auprès de la présidence des pourparlers. "Ces crises ne connaissent pas de frontières."
Existe-t-il des solutions à l'assèchement de la Terre ?
Si la sécheresse peut être préjudiciable, écrit Ibrahim ThiawThiaw dans le rapport de la CCD, il est possible de s'en remettre. Mais il qualifie l'assèchement des terres de "menace implacable qui nécessite des mesures d'adaptation durables".
Les solutions à long terme, telles que la lutte contre le changement climatique, ne font pas l'objet d'un grand débat au sommet de Riyad. L'Arabie saoudite, pays hôte, est depuis longtemps critiquée pour avoir bloqué les progrès en matière de réduction des émissions dues aux combustibles fossiles lors d'autres négociations, telles que la COP29. Le pays est financièrement dépendant des combustibles fossiles et fait partie des États pétroliers qui devraient perdre la moitié de leurs revenus en cas d'élimination progressive.
Le rapport de l'UNCCD recommande aux pays d'améliorer leurs pratiques d'utilisation des sols et d'être plus efficaces dans l'utilisation de l'eau. Il s'agit notamment de mettre en œuvre à grande échelle des mesures telles que des cultures nécessitant moins d'eau et des méthodes d'irrigation plus efficaces, comme l'irrigation au goutte-à-goutte.
Elle suggère également une meilleure surveillance afin que les communautés puissent planifier à l'avance, ainsi que des projets de reforestation à grande échelle pour protéger la terre et son humidité.
Andrea Toreti, l'un des principaux auteurs du rapport, explique que, tout comme la lutte contre le changement climatique ou la perte de biodiversité,** la résolution de ce problème nécessite une meilleure collaboration entre les pays, ainsi qu'une "action internationale coordonnée et un engagement sans faille".