Les recteurs des mosquées de Lyon et Villeurbanne contestent la charte des principes de l'islam

La mosquée de Lyon en avril 2011. - -
La mosquée de Lyon en avril 2011. - -

Signée en grande pompe la semaine dernière à l'Élysée par le Conseil français du culte musulman (CFCM), la "charte des principes de l'Islam" s'attire aujourd'hui des critiques à Lyon et Villeurbanne. Dans un texte commun, Kamel Kabtane président du Conseil des mosquées du Rhône (CMR) et Azzeddine Gaci, porte-parole du conseil théologique des imams du Rhône (CTIR) disent "ne pas se retrouver" dans ce texte.

Un problème de méthode et de fond

"Une charte ne se décrète pas et ne s'impose pas, elle se partage", titrent notamment les deux responsables, également recteurs des mosquées de Lyon et de Villeurbanne. Ils regrettent que "le CFCM n'ait pas jugé bon de consulter les imams et les responsables des institutions musulmanes de France" avant de signer cette charte.

Ils dénoncent également une charte qui ne "fait que créer un climat de suspicion générale et de repli sur soi" en inscrivant que les "musulmans sont des citoyens français (...) tenus de respecter strictement les lois de leurs pays et les valeurs de la République".

"Les Français de confession musulmane ne comprendraient pas que l'on veuille les distinguer de leurs compatriotes en leur imposant des règles spécifiques", écrivent les deux responsables religieux.

"Pointés du doigt"

Kamel Kabtane et Azzedine Gaci s'attaquent aussi à l'injonction de lutter contre "les interprétations réductives, les projections machistes" ainsi que "certaines pratiques qui relèvent plus de la tradition que de la religion". Or, il s'agit pour eux "d'un comportement anecdotique" qui ne concerne qu'une "minorité de musulmans".

"Pourquoi le mettre en avant dans une charte destinée à rassembler les imams?" s'interrogent-ils.

Les responsables du CMR et du CTIR dénoncent enfin la stigmatisation dont feraient l'objet les non-signataires de cette charte "pointés du doigt, voire même associés au radicalisme et exclus du conseil national des imams".

"En somme, ils seraient étiquetés comme 'mauvais citoyens' et considérés comme 'mauvais représentants des musulmans'", s'inquiètent les deux recteurs, qui rappellent avoir créé le CMR et le CTIR poussés par "(leur) attachement profond à ce précieux principe de laïcité, l'immobilisme du CFCM (...) et (leur) volonté de servir à la fois (leur) pays et les musulmans de (leur) département".

Article original publié sur BFMTV.com