Reconversion ratée, isolement, impopularité... Le prince Harry face à la crise de la quarantaine?
Le prince Harry, qui a fêté ses 40 ans dimanche 15 septembre, est le parfait candudat pour la crise de la quarantaine: son frère le déteste, son père n’a pas le temps de le voir, il est très impopulaire au Royaume-Uni, ses affaires ne marchent pas très bien.
Il le clame haut et fort, il est bien plus heureux aujourd'hui qu'à 30 ans. Le prince Harry a fêté dimanche 15 septembre ses 40 ans. L'heure de faire un bilan, près de cinq ans après son départ fracassant pour la Californie.
"Sur le papier, le duc de Sussex a eu tout ce qu'il voulait", souligne dans le Times la spécialiste de la famille royale Roya Nikkhah, énumérant les avantages de Harry et Meghan à gagner leur indépendance, loin de la pression de "la firme", le nom donné à la famille royale.
Mais l'indépendance avait un coût. Le prince Harry y a perdu sa famille et sa popularité dans son pays. Les Britanniques ne lui pardonnent pas d'avoir gagné de l'argent en dénigrant la famille royale, et lui reprochent d'avoir assombri les dernières années de leur reine adorée, en ébranlant la monarchie avec ses accusations de racisme.
Depuis son départ, Harry a multiplié les projets - podcast, documentaires, livres - mais la plupart sont des récits de son expérience au sein de la famille royale. "Tout ce qu'il fait, c'est passer son temps à regarder en arrière", estime un ancien conseiller interrogé par le Times.
Déballage et trahison
Leurs déballages ont certes passionné les foules. Le documentaire Netflix Harry et Meghan est l'un des plus vus sur la plateforme et les mémoires-exutoire du prince, Le Suppléant, se sont vendus à plus de 3 millions d'exemplaires dans le monde. Mais ils ont aussi lassé le public qui les accuse d'avoir trahi la famille royale.
De fait, Harry et Meghan, qui avaient conclu de juteux contrats aux États-Unis, avec Spotify, Netflix et l'éditeur Penguin Random House, arrivent aujourd'hui au bout de l'exercice.
Spotify a d'abord bruyamment tourné le dos au duc et à la duchesse, les accusant de ne pas avoir assez travaillé et d'être des "arnaqueurs". Reste Netflix, pour qui Harry doit encore produire une série sur le polo, ce qui devrait sans doute moins passionner les foules que les révélations sur la famille royale.
"Il a cru conquérir les États-Unis et Hollywood, et aujourd'hui, il n'est pas grand-chose de l'autre côté de l'Atlantique", analyse pour le Podcast Royal Pierrick Geais, journaliste à Paris Match, comparant Harry et Meghan au duc et à la duchesse de Windsor, qui ont vécu exil doré à Paris, après l'abdication d'Edouard VIII.
Et si le compte officiel de la famille royale et celui de William et Kate ont tous deux envoyé un message d'anniversaire sur les réseaux sociaux à l'occasion de l'anniversaire de Harry, les relations sont toujours glaciales avec le roi et le prince de Galles.
Les retrouvailles n'ont pas eu lieu
"Lors des derniers séjours du prince Harry au Royaume-Uni, le roi Charles III n'a pas daigné accorder du temps à son fils", rappelle Pierrick Geais. Et lorsque Harry a sauté dans un avion pour voir son père à l'annonce de son cancer, le roi ne lui accordé qu'une demi-heure, alors qu'il venait de traverser les États-Unis et l'Atlantique pour le voir.
"Je reviendrai voir ma famille aussi souvent que possible", avait-il alors promis, espérant, comme il le confiait au micro de Good Morning America, que la maladie du roi allait permettre à la famille de se ressouder.
Les retrouvailles n'ont pas eu lieu et si la presse britannique s'est fait l'écho d'une volonté de rapprochement de la part de Harry, et même de retour discret au sein de la famille royale, cela reste à l'état de rumeur.
"Il y a peu de preuve pour étayer cette rumeur", affirme la correspondante royale de la BBC, Daniela Relph dans une chronique à l'occasion de l'anniversaire de Harry.
"Complètement isolé"
"Il est complètement isolé et il va le rester. Toute suggestion d'un retour même avec un rôle mineur au sein de la monarchie me paraît complètement irréaliste", avance ainsi auprès de l'AFP Pauline MacLaran, professeure à l'Université Royal Holloway.
"Un ami de Harry m'a dit qu'un retour au Royaume-Uni n'était pas à l'ordre du jour. 'Pourquoi abandonnerait-il tout ce qu'il a accompli là-bas pour revenir ici? Sa vie est désormais en Amérique'", écrit encore la chroniqueuse de la BBC.
Le duc de Sussex va cependant multiplier les séjours dans son pays, dans le cadre de ses activités caritatives. Il doit ainsi se rendre au Royaume-Uni le 30 septembre prochain pour assister à la remise de prix de l'association pour enfants malades WellChild, qu'il parraine.
Mais les séjours de Harry au Royaume-Uni posent un problème de sécurité. Car le prince a perdu sa protection systématique, aux frais du contribuable britannique, en quittant ses fonctions au sein de la famille royale.
Il a également perdu son bras de fer contre le ministère de l'Intérieur britannique, à qui il demandait une protection systématique pour sa famille et lui, lors de ses visites au Royaume-Uni. Harry avait proposé de prendre en charge les frais de sa sécurité par des policiers, ce qui lui a été refusé au motif que "l'intérêt public ne le justifiait pas".
"Il vit comme un prince"
Selon la BBC, c'est parce qu'il ne se sent pas en sécurité dans les résidences royales qu'il évite d'y séjourner. Le prince reste traumatisé par la vie et la mort de sa mère, la princesse Diana, harcelée jusqu'au bout par les paparazzis. Lors de sa dernière venue dans le pays, fin août pour les obsèques de son oncle, le beau-frère de Diana, il avait d'ailleurs logé dans la maison de famille de sa mère à Althorp.
Rejeté dans son pays, isolé, le prince Harry a cependant pu compter sur la générosité de feue son arrière-grand-mère, la "queen mum", mère de la reine Elizabeth II. Il a touché à l'occasion de ses 40 ans, un petit pactole d'environ 8 millions de livres (près de 9,5 millions d'euros), que son aïeule avait placé pour lui, et ses cousins, en 1994.
À 40 ans, alors qu'il a fondé sa propre famille, le prince Harry semble encore se chercher un but et ne pas avoir trouvé la sérénité. Pour Pierrick Geais, "à l'entendre et à le lire, on a l'impression que ce n'est pas facile tous les jours d'être le prince Harry".